Le désir qui naît de la connaissance vraie du bien et du mal peut être détruit ou empêché par beaucoup d’autres désirs qui naissent des passions dont notre âme est agitée en sens divers.

Démonstration

De la connaissance vraie du bien et du mal, en tant qu’elle est une passion (par la Propos. 8), provient nécessairement un désir (par la Déf. 1 des passions), lequel est d’autant plus fort que la passion d’où il provient est elle-même plus forte (par la Propos. 37, part. 3) ; mais comme ce désir (par hypothèse) naît de ce que nous avons une connaissance vraie, il s’ensuit qu’il est en nous, en tant que nous agissons (par la Propos. 3, part. 3), et partant qu’il doit être conçu par notre seule essence (en vertu de la Déf. 2, part. 3), et que sa force et son accroissement doivent se mesurer par la seule puissance de l’homme (Propos. 7, part. 3). Or, les désirs qui naissent des passions qui agitent notre âme en sens divers sont d’autant plus forts que ces passions ont plus d’énergie, et par conséquent leur force et leur accroissement (en vertu de la Propos. 5) doivent se mesurer par la puissance des causes extérieures, laquelle, si on la compare à la nôtre, la surpasse indéfiniment (par la Propos. 3) ; et ainsi donc les désirs qui naissent de passions semblables peuvent être plus forts que celui qui naît de la connaissance vraie du bien et du mal, et partant (par la Propos. 7) ils peuvent étouffer ou empêcher ce désir. C. Q. F. D.