• « Nous ne parlons pas de telle ou telle image de la pensée, variable selon les philosophies, mais d’une seule Image en général qui constitue le présupposé subjectif de la philosophie dans son ensemble. (…) D’après cette image, la pensée est en affinité avec le vrai et veut matériellement le vrai. » (Gilles Deleuze, Différence et répétition, Ed. P.U.F., 1968, p. 172).
  • « Une image de la pensée, nommée philosophie, s’est constituée historiquement, qui empêche parfaitement les gens de penser. (…) [L’importance donnée à des notions] comme celles d’universalité, de méthode, de question et de réponse, de jugement, de reconnaissance ou de récognition, d’idées justes, (…) [et à des thèmes] comme ceux d’une république des esprits, d’une enquête de l’entendement, d’un tribunal de la raison, d’un pur ’’droit’’ de la pensée, avec des ministres de l’Intérieur et des fonctionnaires de la pensée pure, (…) [tout cela tiendrait au fait que, la pensée, au cours de l’histoire] emprunte son image proprement philosophique à l’État. » (Gilles Deleuze, Dialogues, avec Claire Parnet, Ed. Flammarion, 1977, p. 20.)
  • « Par opposition à une telle « Image », Deleuze en avait signalé depuis 1962 une nouvelle chez Nietzsche : « Une nouvelle image de la pensée signifie ceci : le vrai n’est pas l’élément de la pensée. L’élément de la pensée est le sens et la valeur. » (Nietzsche et la philosophie, 1962, p. 123.) (...) Et l’acte de penser n’est pas une « possibilité naturelle », mais une « création » (Proust et les signes, 1976, p. 115). » (Robert Sasso, « Image de la pensée » in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, p. 184.)
  • « Toute philosophie originale se donne une image particulière de la pensée. N’est-il pas manifeste que « chaque grand philosophe (...) dresse une nouvelle image de la pensée » (Qu’est-ce que la philosophie ?, 1991, p. 52) ? (…) Se dégagent alors trois images principales : la grecque, la classique, la moderne, chacune caractérisée par un ensemble de traits remarquables. Ainsi, l’erreurest « un des traits principaux de l’image classique de la pensée » (ibid., p. 53), alors que « l’image grecque de la pensée invoquait la folie du détournement double, qui jetait la pensée dans l’errance infinie plutôt que dans l’erreur » (ibid., p. 54-55), et que le « premier caractère de l’image moderne de la pensée » sera de « renoncer complètement » au « rapport de la pensée avec le vrai » (ibid., p.55). » (Robert Sasso, « Image de la pensée » in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, pp. 188-189.)