EV - Proposition 23


L’Âme humaine ne peut être entièrement détruite avec le Corps, mais il reste d’elle quelque chose qui est éternel.

DÉMONSTRATION

Un concept, ou une idée, est nécessairement donné en Dieu, qui exprime l’essence du Corps humain (Prop. préc.), et ce concept est, par suite, quelque chose qui appartient nécessairement à l’essence de l’Âme humaine (Prop. 13, p. II). Mais nous n’attribuons à l’Âme humaine aucune durée pouvant se définir par le temps, sinon en tant qu’elle exprime l’existence actuelle du Corps, laquelle s’explique par la durée et peut se définir par le temps ; autrement dit (Coroll. Prop. 8, p. II) nous n’attribuons la durée à l’Âme elle-même que pendant la durée du corps. Comme cependant ce qui est conçu avec une éternelle nécessité en vertu de l’essence même de Dieu est (Prop. préc.) néanmoins quelque chose, ce sera nécessairement quelque chose d’éternel qui appartient à l’essence de l’Âme. C.Q.F.D. [*]


Mens humana non potest cum corpore absolute destrui sed ejus aliquid remanet quod æternum est.

DEMONSTRATIO :

In Deo datur necessario conceptus seu idea quæ corporis humani essentiam exprimit (per propositionem præcedentem) quæ propterea aliquid necessario est quod ad essentiam mentis humanæ pertinet (per propositionem 13 partis II). Sed menti humanæ nullam durationem quæ tempore definiri potest, tribuimus nisi quatenus corporis actualem existentiam quæ per durationem explicatur et tempore definiri potest, exprimit hoc est (per corollarium propositionis 8 partis II) ipsi durationem non tribuimus nisi durante corpore. Cum tamen aliquid nihilominus sit id quod æterna quadam necessitate per ipsam Dei essentiam concipitur (per propositionem præcedentem) erit necessario hoc aliquid quod ad mentis essentiam pertinet, æternum. Q.E.D.

[*(Saisset :) L’âme humaine ne peut entièrement périr avec le corps ; il reste quelque chose d’elle, quelque chose d’éternel. Démonstration Il y a nécessairement en Dieu (par la Propos. précéd.) un concept ou une idée qui exprime l’essence du corps humain, et cette idée, par conséquent, est nécessairement quelque chose qui se rapporte à l’essence de l’âme (en vertu de la Propos. 13, part. 2). Or, nous n’attribuons à l’âme humaine aucune durée qui se puisse déterminer dans le temps, si ce n’est en tant qu’elle exprime l’existence actuelle du corps, laquelle se développe dans la durée et peut se déterminer dans le temps ; en d’autres termes (par le Coroll. de la Propos. 8, part. 2), nous n’attribuons à l’âme une durée que pendant la durée du corps. Toutefois, comme ce qui est conçu par l’essence de Dieu avec une éternelle nécessité est quelque chose, ce quelque chose, qui se rapporte à l’essence de l’âme, est nécessairement éternel (par la Propos. précéd.). C. Q. F. D.