« Il est possible de rendre une sorte de vie artificielle à la tête d’un décapité : si alors sa bouche pouvait s’ouvrir et articuler des mots, ses paroles ne seraient assurément que des cris de douleur ; dans notre société il existe ainsi un certain nombre d’hommes chez lesquels le système nerveux prédomine à ce point qu’ils sont, pour ainsi dire, des cerveaux, des têtes sans corps : de tels êtres ne vivent que par surprise, par artifice ; ils ne peuvent parler que pour se plaindre, chanter (…)
Philosophie classique et philosophie contemporaine. Préparation au baccalauréat. Conférences et émissions audios de philosophie. Rancière, Birnbaum, Matheron, Althusser, Deleuze, Epicure. Matérialisme et philosophie.
Articles les plus récents
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Le bonheur est une condition même d’existence
8 mars 2017, par Guyau, Jean-Marie -
Plaisir d’agir, plaisir de vivre
5 mars 2017, par Guyau, Jean-Marie« Il y a un plaisir qui meurt pour ainsi dire après chaque action accomplie, qui s’en va sans laisser de trace dans le souvenir, et qui pourtant est le plaisir fondamental de par excellence : c’est le plaisir même d’agir. Il constitue en grande partie l’attrait de toutes les fins désirées par l’homme ; seulement cet attrait se retire d’elles une fois qu’elles sont atteintes, une fois que l’action est accomplie. De là l’étonnement de celui qui essaye de juger la vie en recueillant ses (…)
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FICHES-NOTIONS
2 février 2017, par Jean-Luc Derrien -
Po-lo prend soin des chevaux
24 décembre 2016, par Tchouang-Tseu (ou Zhuangzi)Les chevaux ont des sabots pour fouler le givre et la neige. Ils ont une robe qui les protège de la bise et de la froidure. Ils broutent l’herbe, boivent l’eau, lèvent les pattes et galopent. Telle est la véritable nature des chevaux. Ils n’ont que faire des manèges et des écuries. Un jour Po-lo survint. Il déclara : « Je vais m’occuper des chevaux. » Il les brûla, les tailla, les perça, les brida ; il les lia avec des longes et des entraves ; il les parqua dans des boxes et des stalles. Il (…)
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L’arbre de la montagne
17 décembre 2016, par Tchouang-Tseu (ou Zhuangzi)Au cours d’une randonnée en montagne, Tchouang-Tseu aperçut un arbre magnifique à la frondaison exubérante, dédaigné par les bûcherons car impropre, selon eux, à toute utilisation. Il s’extasia sur l’utilité de l’inutilité qui lui permettrait d’atteindre au terme naturel de son existence. Puis, redescendu dans la plaine, il s’arrêta chez un vieil ami, qui voulut tuer l’oie en son honneur. Le valet demanda au maître de céans :
- Je tords le cou de laquelle ? Celle qui sait cacarder ou (…) -
La nature et la règle
12 décembre 2016, par Tchouang-Tseu (ou Zhuangzi)À vouloir allonger les pattes des canards et raccourcir celles des grues, même si les premières sont exagérément courtes et les secondes démesurément longues, on n’apportera que souffrance et désolation. Lorsqu’on s’abstient de raccourcir ce que la nature a fait long et d’allonger ce qu’elle a fait court, il devient inutile de soulager les peines. Si l’on m’objecte que la bonté et la justice sont des sentiments humains, alors pourquoi les hommes miséricordieux vivent-ils toujours dans le (…)
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le charron Pien
12 décembre 2016, par Tchouang-Tseu (ou Zhuangzi)Le duc Houan lisait dans la salle, le charron Pien taillait une roue au bas des marches. Le charron posa son ciseau et son maillet, monta les marches et demanda au duc : Puis-je vous demander ce que vous lisez ? - Les paroles des grands hommes, répondit le duc. - Sont-ils encore en vie ? - Non, ils sont morts. - Alors ce que vous lisez là, ce sont les déjections des Anciens ! - Comment un charron ose-t-il discuter ce que je lis ! répliqua le duc ; si tu as une explication, je te ferai grâce (…)
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Le boucher Ting
12 décembre 2016, par Tchouang-Tseu (ou Zhuangzi)Le cuisinier Ting dépeçait un bœuf pour le prince Wen-houei. On entendait des houa quand il empoignait de la main l’animal, qu’il retenait sa masse de l’épaule et que, la jambe arqueboutée, du genou l’immobilisait un instant. On entendait des houo quand son couteau frappait en cadence, comme s’il eût exécuté l’antique danse du Bosquet ou le vieux rythme de la Tête de lynx.
- C’est admirable ! s’exclama le prince, je n’aurais jamais imaginé pareille technique !
Le cuisinier posa son (…) -
Confucius et le nageur de Lü-Leang
12 décembre 2016, par Tchouang-Tseu (ou Zhuangzi)Confucius admirait les chutes de Lü-leang. L’eau tombait d’une hauteur de trois cents pieds et dévalait ensuite en écumant sur quarante lieues. Ni tortues ni crocodiles ne pouvaient se maintenir à cet endroit, mais Confucius aperçut un homme qui nageait là. Il crut que c’était un malheureux qui cherchait la mort et dit à ses disciples de longer la rive pour se porter à son secours.
Mais quelques centaines de pas plus loin, l’homme sortit de l’eau et, les cheveux épars, se mit à se promener (…) -
Le paradoxe politique de l’espèce
28 novembre 2016, par Sloterdijk, PeterLe concept d’humanité est gros d’un paradoxe actif qui peut être rapporté à la formule suivante : nous formons une communauté avec ceux avec qui nous n’avons rien de commun. (On peut aussi donner une dimension temporelle à cette phrase : plus nous accumulons les expériences avec ceux avec qui nous formons une comunauté, plus il est évident que nous navons rien en commun.) Mesurée à ses effets, cette phrase est à la fois porteuse d’un évangile et grosse effrayant message. L’histoire des idées (…)