Confucius et le nageur de Lü-Leang

12 décembre 2016

Confucius admirait les chutes de Lü-leang. L’eau tombait d’une hauteur de trois cents pieds et dévalait ensuite en écumant sur quarante lieues. Ni tortues ni crocodiles ne pouvaient se maintenir à cet endroit, mais Confucius aperçut un homme qui nageait là. Il crut que c’était un malheureux qui cherchait la mort et dit à ses disciples de longer la rive pour se porter à son secours.

Mais quelques centaines de pas plus loin, l’homme sortit de l’eau et, les cheveux épars, se mit à se promener sur la berge en chantant.

Confucius le rattrapa et l’interrogea :
- Je vous ai pris pour un revenant mais, de près, vous m’avez l’air d’un vivant. Dites-moi : avez-vous une méthode pour surnager ainsi ?

- Non, répondit l’homme, je n’en ai pas. Je suis parti du donné, j’ai développé un naturel et j’ai atteint la nécessité. Je me laisse happer par les tourbillons et remonter par le courant ascendant, je suis les mouvements de l’eau sans agir pour mon propre compte.

- Que voulez-vous dire par : « partir du donné », « développer un naturel », « atteindre la nécessité » ? demanda Confucius. L’homme répondit : Je suis né dans ces collines et je m’y suis senti chez moi : voilà le donné. J’ai grandi dans l’eau et je m’y suis peu à peu senti à l’aise : voilà le naturel. J’ignore pourquoi j’agis comme je le fais : voilà la nécessité.

Dans la même rubrique

26 septembre 2017

Le meurtre de Chaos

« L’empereur de la mer du Sud était Illico, l’empereur de la mer du Nord était Presto, l’empereur du milieu était Chaos. Comme chaque fois qu’ils s’étaient retrouvés chez Chaos celui-ci les avait reçus avec la plus grande aménité, Illico et (…)

24 septembre 2017

La jetée de la Hao

Lors d’une excursion, Houei Cheu et son ami Tchouang Tcheou s’étaient retrouvés sur la jetée qui surplombait la rivère Hao. Tchouang s’était exclamé :
- Les poissons ! Vois comme ils s’ébattent librement, comme ils doivent être heureux ! - (…)

24 décembre 2016

Po-lo prend soin des chevaux

Les chevaux ont des sabots pour fouler le givre et la neige. Ils ont une robe qui les protège de la bise et de la froidure. Ils broutent l’herbe, boivent l’eau, lèvent les pattes et galopent. Telle est la véritable nature des chevaux. Ils n’ont (…)

17 décembre 2016

L’arbre de la montagne

Au cours d’une randonnée en montagne, Tchouang-Tseu aperçut un arbre magnifique à la frondaison exubérante, dédaigné par les bûcherons car impropre, selon eux, à toute utilisation. Il s’extasia sur l’utilité de l’inutilité qui lui permettrait (…)

12 décembre 2016

La nature et la règle

À vouloir allonger les pattes des canards et raccourcir celles des grues, même si les premières sont exagérément courtes et les secondes démesurément longues, on n’apportera que souffrance et désolation. Lorsqu’on s’abstient de raccourcir ce que (…)

12 décembre 2016

le charron Pien

Le duc Houan lisait dans la salle, le charron Pien taillait une roue au bas des marches. Le charron posa son ciseau et son maillet, monta les marches et demanda au duc : Puis-je vous demander ce que vous lisez ? - Les paroles des grands hommes, (…)

12 décembre 2016

Le boucher Ting

Le cuisinier Ting dépeçait un bœuf pour le prince Wen-houei. On entendait des houa quand il empoignait de la main l’animal, qu’il retenait sa masse de l’épaule et que, la jambe arqueboutée, du genou l’immobilisait un instant. On entendait des (…)