Jean Charles milite depuis de nombreuses années dans diverses associations humanitaires. Cet hiver, il a décidé d’approfondir sa démarche en allant passer un mois en Afrique dans un petit village togolais ou il partagera la vie d’une famille de paysans.

Le voilà donc vivant dans une simple case chauffée par un feu de bois à même le sol. Mais la fumée envahit la case, acre et étouffante ; et du matin au soir, du nouveau-né au vieillard affaibli, tous ils toussent. Ils toussent tous, tous ils toussent, ils toussent ils toussent tous. A la fin de son séjour, avant de rentrer chez lui, Jean Charles prend le temps d’expliquer au père de la famille qu’en installant une cheminée, la fumée ne stagnerait plus dans la case et qu’ainsi enfants et adultes pourrait respirer à plein poumon un air sain et vivifiant. « c’est une très bonne idée, merci beaucoup » répond le père avant d’accompagner Jean Charles au bus qui le mènera à l’aéroport et de là jusqu’à Paris.

L’année suivante, Jean Charles revient au village passer un temps avec ses nouveaux amis. Mais dès qu’il entre dans la case, il entend que tous ils toussent. Ils toussent tous, tous ils toussent, ils toussent ils toussent tous. Il n’y a toujours pas de cheminée et la fumée lui semble plus étouffante que jamais. Maudissant le flegme local, Jean Charles retrousse ses manches et se met au travail. Au bout de quelques jours, la cheminée est terminée : plus de fumée dans la case, enfants et adultes peuvent enfin respirer un air sain et vivifiant. C’en est fini des tousseries. Le père de la famille remercie vivement Jean Charles et quand vient la fin de son séjour, c’est comblé de cadeaux qu’il rentre à Paris.

L’année suivante, Jean Charles revient au village. Mais dès qu’il entre dans la case, il constate avec effroi que tous ils toussent. Ils toussent tous, tous ils toussent, ils toussent ils toussent tous. La cheminée a été bouchée avec de vieux tissus et des lambeaux de couverture. Alors Jean Charles se laisse aller à une légitime colère. Il se présente devant le chef du village et lui explique l’affaire : le feu, la fumée, que tous ils toussent, l’idée de la cheminée, sa construction et que voilà tit pas que ces andouilles ils ont bouché la cheminée et qu’ils se remettent à tousser. Convaincu de son bon sens, le chef accompagne donc Jean Charles et exige le débouchage immédiat de cette foutue cheminée. A nouveau, la famille entière peut respirer un air sain et vivifiant. C’est avec la conscience du devoir accomplit que Jean Charles rentre à Paris le cœur léger.

L’année suivante, le voilà à nouveau en route pour le village. Mais à son arrivée aux abords de la case, il entend des pleurs et des chants, c’est un enterrement qui a lieu. Le plus jeune gamin de la famille vient de mourir du palud. Jusqu’à présent, la fumée tenait les moustiques éloignés de la case.