138(2). EIV - Appendice - Chapitre 2


Les Désirs qui suivent de notre nature de façon qu’ils se puissent connaître par elle seule, sont ceux qui se rapportent à l’Âme en tant qu’on la conçoit comme composée d’idées adéquates ; pour les autres Désirs, ils ne se rapportent à l’âme qu’en tant qu’elle conçoit les choses inadéquatement ; leur force et leur croissance doivent être définies par la puissance non de l’homme, mais des choses extérieures ; par suite, les premiers Désirs sont appelés actions droites, les seconds passions ; les uns en effet sont des marques de notre puissance, les autres, au contraire, de notre impuissance et d’une connaissance mutilée. [*]


Cupiditates quæ ex nostra natura ita sequuntur ut per ipsam solam possit intelligi, sunt illæ quæ ad mentem referuntur quatenus hæc ideis adæquatis constare concipitur ; reliquæ vero cupiditates ad mentem non referuntur nisi quatenus res inadæquate concipit et quarum vis et incrementum non humana sed rerum quæ extra nos sunt potentia definiri debet et ideo illæ recte actiones, hæ autem passiones vocantur ; illæ namque nostram potentiam semper indicant et hæ contra nostram impotentiam et mutilatam cognitionem.

[*(Saisset :) Les désirs qui résultent de notre nature, de telle façon qu’ils puissent être conçus par elle seule, sont ceux qui se rapportent, à l’âme, en tant que constituée par des idées adéquates ; les autres désirs ne se rapportent à l’âme qu’en tant qu’elle conçoit les choses d’une façon inadéquate, et la force et l’accroissement de ces désirs ne doivent point être déterminés par la puissance de l’homme, mais par celle des choses extérieures. On a donc raison d’appeler les premiers d’entre ces désirs des actions, et les seconds des passions : ceux-là en effet marquent toujours la puissance de l’homme, ceux-ci au contraire son impuissance et sa connaissance incomplète et mutilée.