EII - Proposition 1 - scolie


Cette Proposition est encore évidente par cela seul que nous pouvons concevoir un être infini pensant. Plus en effet un être pensant peut penser de choses, plus nous concevons qu’il contient de réalité ou perfection, donc un être qui peut penser une infinité de choses en une infinité de modes, est nécessairement infini par la vertu du penser. Puis donc qu’ayant égard uniquement à la pensée, nous concevons un Être infini, la Pensée est nécessairement (Déf. 4 et 6, p. I) l’un des attributs infinis de Dieu, comme nous le voulions. [*]


SCHOLIUM :

Patet etiam hæc propositio ex hoc quod nos possumus ens cogitans infinitum concipere. Nam quo plura ens cogitans potest cogitare, eo plus realitatis sive perfectionis idem continere concipimus ; ergo ens quod infinita infinitis modis cogitare potest, est necessario virtute cogitandi infinitum. Cum itaque ad solam cogitationem attendendo Ens infinitum concipiamus, est necessario (per definitiones 4 et 6 partis I) cogitatio unum ex infinitis Dei attributis, ut volebamus.

[*(Saisset) : Cette proposition est également évidente par cela seul qu’un être pensant peut être conçu comme infini. Nous concevons en effet qu’un être pensant, plus il pense de choses, plus il contient de réalité ou de perfection ; par conséquent, un être qui pense une infinité de choses infiniment modifiées est infini par la vertu pensante qui est en lui. Puis donc qu’à ne considérer que la seule pensée, nous concevons un être comme infini, il faut nécessairement (par les Déf. 4, part.1 et Def. 6, part. 1) que la pensée soit un des attributs infinis de Dieu, comme nous voulions l’établir.