EIV - Proposition 42
La Gaieté ne peut avoir d’excès mais est toujours bonne ; au contraire, la Mélancolie est toujours mauvaise.
DÉMONSTRATION
La Gaieté (voir sa Déf. dans le Scolie de la Prop. 11, p. III) est une Joie qui, relativement au Corps, consiste en ce que toutes ses parties sont pareillement affectées ; c’est-à-dire (Prop. 11, p. III) que la puissance d’agir du Corps est accrue ou secondée de telle sorte que toutes ses parties conservent entre elles le même rapport de mouvement et de repos ; ainsi (Prop. 39) la Gaieté est toujours bonne et ne peut avoir d’excès. La Mélancolie (voir aussi sa Déf. dans le même Scolie de la Prop. 11, p. III) est une Tristesse qui, relativement au Corps, consiste, en ce que la puissance d’agir du Corps est absolument diminuée ou réduite ; et, par suite (Prop. 38), elle est toujours mauvaise. C.Q.F.D. [*]
Hilaritas excessum habere nequit sed semper bona est et contra melancholia semper mala.
DEMONSTRATIO :
Hilaritas (vide ejus definitionem in scholio propositionis 11 partis III) est lætitia quæ quatenus ad corpus refertur, in hoc consistit quod corporis omnes partes pariter sint affectæ hoc est (per propositionem 11 partis III) quod corporis agendi potentia augetur vel juvatur ita ut omnes ejus partes eandem ad invicem motus et quietis rationem obtineant atque adeo (per propositionem 39 hujus) hilaritas semper est bona nec excessum habere potest. At melancholia (cujus etiam definitionem vide in scholio propositionis 11 partis III) est tristitia quæ quatenus ad corpus refertur, in hoc solo consistit quod corporis agendi potentia absolute minuitur vel coercetur adeoque (per propositionem 38 hujus) semper est mala. Q.E.D.
[*] (Saisset :) La gaieté ne peut avoir d’excès, et elle est toujours bonne ; la mélancolie, au contraire, est toujours mauvaise. Démonstration La gaieté (voyez-en la Déf. dans le Scol. de la Propos. 11, part. 3) est une joie qui consiste, en tant qu’elle se rapporte au corps, en ce que toutes les parties du corps sont affectées d’une manière égale, c’est-à-dire (par la Propos. 11, part. 3) en ce que toutes les parties du corps ont entre elles les mêmes rapports de mouvement et de repos ; et en conséquence (par la Propos. 39), la gaieté est toujours bonne et ne peut avoir d’excès. Mais la mélancolie (voyez-en la Déf. dans le même Scol. de la Propos. 11, part. 3) est une tristesse qui consiste, en tant qu’elle se rapporte au corps, en ce que la puissance de ce corps éprouve une diminution ou un empêchement ; d’où il suit (par la Propos. 38) qu’elle est toujours mauvaise. C. Q. F. D.