Lettre de l’auteur à un ami qui pourrait parfaitement servir de Préface à ce Traité politique
Mon cher ami, votre bonne lettre m’a été remise hier. Je vous remercie de tout mon cœur du zèle que vous témoignez pour moi, et je ne manquerais pas de profiter de l’occasion,... si je n’étais présentement occupé d’un dessein que j’estime plus utile et qui, j’en suis certain, vous sourira davantage ; je veux parler de la composition de ce Traité politique, commencé il y a peu de temps sur votre conseil. J’en ai déjà terminé six chapitres. Le premier contient mon introduction ; le second traite du droit naturel ; le troisième du droit des pouvoirs souverains ; le quatrième des affaires qui dépendent du gouvernement des pouvoirs souverains ; le cinquième de l’idéal suprême que toute société peut se proposer ; le sixième de l’organisation qu’il faut donner au gouvernement monarchique pour qu’il ne dégénère pas en tyrannie. Je m’occupe en ce moment du septième chapitre où je démontre point par point dans un ordre méthodique tous les principes d’organisation exposés au chapitre précédent. De là je passerai au gouvernement aristocratique et au gouvernement populaire, pour en venir enfin au détail des lois et aux autres questions particulières qui se rapportent à mon sujet. Et sur cela, je vous dis adieu....
Cette lettre montre clairement le plan que l’auteur s’était tracé ; arrêté par la maladie, puis enlevé par la mort, il n’a pu, comme on le verra, conduire son œuvre que jusqu’à la fin du chapitre sur le gouvernement aristocratique.