Proposition 13
Dieu est véridique au suprême degré, il n’est aucunement trompeur.
Démonstration
Nous ne pouvons rien attribuer par fiction à Dieu (par la Définition 8), en quoi nous reconnaissions quelque imperfection. Et comme toute tromperie (ainsi qu’il est connu de soi [1]) ou volonté de tromper n’a d’autre origine que la crainte ou la malice, nulle tromperie ou volonté de tromper ne pourra être attribuée à Dieu, c’est-à-dire à un être puissant et bon au suprême degré, mais au contraire on devra le dire suprêmement véridique et nullement trompeur.
C. Q. F. D.
Voir Réponse aux Deuxièmes Objections n°4.
[1] Je n’ai pas mis cet axiome au nombre des axiomes parce que cela était fort peu nécessaire. Je n’en avais besoin, en effet, que pour démontrer cette seule proposition et de plus, aussi longtemps que j’ignorais l’existence de Dieu, je n’ai voulu tenir pour vrai que ce que je pouvais déduire de la première chose connue : Je suis, ainsi que je l’ai indiqué dans la Proposition 4, Scholie. Enfin, je n’ai pas mis les définitions de la crainte et de la malice au nombre des définitions, parce que personne ne les ignore et que j’en avais besoin seulement pour cette unique Proposition.