Traité politique, V, §03
De même que les vices des sujets, leur licence excessive et leur insoumission doivent être imputées à la Cité, de même en revanche leur vertu, leur constante soumission aux lois doivent être attribuées à la vertu de la Cité et à l’établissement d’un droit civil absolu ainsi qu’il est manifeste par le paragraphe 15 du chapitre II. C’est donc à bon droit qu’on fait honneur à la vertu d’Annibal, de ce que dans son armée il n’y a jamais eu de sédition [1].
Traduction Saisset :
Or, de même qu’il faut imputer à l’organisation de l’État les vices des sujets, leur goût pour l’extrême licence et leur esprit de révolte, de même c’est à la vertu de l’État, c’est à son droit pleinement exercé qu’il faut attribuer les vertus des sujets et leur attachement aux lois (comme cela résulte de l’article 15 du chapitre II). C’est pourquoi on a eu raison de regarder comme la marque d’un mérite supérieur chez Annibal qu’il n’y ait jamais eu dans son armée aucune sédition.
At sicut subditorum vitia nimiaque licentia et contumacia civitati imputanda sunt, ita contra eorum virtus et constans legum observantia maxime civitatis virtuti et iuri absoluto tribuenda est, ut patet ex art. 15. cap. 2. Unde Hannibali merito eximiae virtuti ducitur, quod in ipsius exercitu nulla unquam seditio orta fuerit.
[1] Machiavel, Le Prince, 17 ; Discours sur la première décade de Tite-Live, III, 21.