Traité politique, VI , 06



Il est certain en outre que les périls menaçant la Cité ont pour cause toujours les citoyens plus que les ennemis du dehors, car les bons citoyens sont rares. D’où suit que celui à qui le droit de commander est commis en entier, craindra toujours plus les citoyens que les ennemis du dehors et conséquemment s’appliquera à se garder lui-même et, au lieu de veiller sur les sujets, à leur tendre des pièges, surtout à ceux que leur sagesse aura mis en lumière ou que leurs richesses auront rendus puissants.


Traduction Saisset :

Il est certain d’ailleurs que quand l’État est mis en péril, c’est toujours le fait des citoyens plutôt que des ennemis extérieurs ; car Ies bons citoyens sont rares. D’où il suit que celui à qui on a déféré tout le droit de l’État craindra toujours les citoyens plus que les ennemis, et partant veillera par-dessus tout sur ses intérêts propres et sera moins occupé de prendre soin de ses sujets que de leur tendre des embûches, à ceux-là surtout qui sont illustres par leur sagesse ou puissants par leur fortune.


Est praeterea hoc certum, quod civitas semper magis propter cives, quam propter hostes periclitetur ; rari quippe boni. Ex quo sequitur, quod is, in quem totum imperii ius delatum est, magis cives, quam hostes semper timebit, et consequenter sibi cavere et subditis non consulere, sed insidiari conabitur, iis praecipue, qui sapientia clari vel divitiis potentiores sunt.