Chapitre II

Ce qu’est l’opinion, la croyance et la connaissance vraie.



(1) Nous traiterons maintenant des effets des différentes connaissances dont nous avons parlé dans le précédent chapitre, et nous dirons encore une fois, comme en passant, ce qu’est l’opinion, la croyance et la connaissance claire.

(2) Nous appelons la première Opinion, parce qu’elle est sujette à l’erreur et n’a jamais lieu à l’égard de quelque chose dont nous sommes certains mais à l’égard de ce que l’on dit conjecturer ou supposer.
Nous appelons la deuxième Croyance parce que les choses que nous saisissons par la raison seulement, ne sont pas vues par nous, mais nous sont seulement connues par la conviction qui se fait dans l’esprit que cela doit être ainsi et non autrement.
Mais nous appelons Connaissance claire celle qui s’acquiert, non par une conviction née de raisonnements, mais par sentiment et jouissance de la chose elle-même et elle l’emporte de beaucoup sur les autres.

(3) Après avoir dit cela en préambule, venons-en maintenant aux effets ; nous dirons à ce sujet que de la première sortent toutes les passions qui sont contraires à la droite raison ; de la deuxième, les bons désirs, et de la troisième le véritable et pur amour avec tout ce qui naît de lui.

(4) De telle sorte que nous posons comme cause prochaine de toutes les passions [*] dans l’âme la connaissance, parce que nous regardons comme tout à fait impossible que quelqu’un, qui ne concevrait ni ne connaîtrait, selon les modes ci-dessus, pût être poussé à l’Amour, au Désir ou à tout autre mode de vouloir.


[*Lijdingen dans le texte ; le terme latin, devait être affectus et non passio ; voir note explicative.