EI - Proposition 28 - scolie
Comme certaines choses ont dû être produites immédiatement par Dieu, à savoir celles qui suivent nécessairement de sa nature considérée absolument, et d’autres qui ne peuvent cependant ni être ni être conçues sans Dieu, par l’intermédiaire des premières ; il suit de là : 1° qu’à l’égard des choses immédiatement produites par lui, Dieu est cause prochaine absolument ; mais non en son genre, comme on dit. Car les effets de Dieu ne peuvent ni être ni être conçus sans leur cause (Prop. 15 et Coroll. de la Prop. 24). Il suit : 2° que Dieu ne peut pas être dit proprement cause éloignée des choses singulières, si ce n’est peut-être afin de les distinguer de celles qu’il a produites immédiatement ou plutôt qui suivent de sa nature prise absolument. Car nous entendons par cause éloignée une cause telle qu’elle ne soit en aucune façon liée à son effet. Et tout ce qui est, est en Dieu et dépend de Dieu de telle sorte qu’il ne puisse ni être ni être conçu sans lui. [*]
Cum quædam a Deo immediate produci debuerunt videlicet ea quæ ex absoluta ejus natura necessario sequuntur et alia mediantibus his primis quæ tamen sine Deo nec esse nec concipi possunt, hinc sequitur I° quod Deus sit rerum immediate ab ipso productarum causa absolute proxima, non vero in suo genere ut aiunt. Nam Dei effectus sine sua causa nec esse nec concipi possunt (per propositionem 15 et corollarium propositionis 24). Sequitur II° quod Deus non potest proprie dici causa esse remota rerum singularium nisi forte ea de causa ut scilicet has ab iis quas immediate produxit vel potius quæ ex absoluta ejus natura sequuntur, distinguamus. Nam per causam remotam talem intelligimus quæ cum effectu nullo modo conjuncta est. At omnia quæ sunt in Deo sunt et a Deo ita dependent ut sine ipso nec esse nec concipi possint.
[*] (Saisset) : Comme il est nécessaire que certaines choses aient été produites immédiatement par Dieu, c’est à savoir celles qui découlent nécessairement de sa nature absolue, sans autre intermédiaire que ces premiers attributs, qui ne peuvent être ni être conçus sans Dieu ; il suit de là : premièrement, que Dieu est la cause absolument prochaine des choses qui sont immédiatement produites par lui ; absolument prochaine, dis-je, et non générique, comme on dit ; car les effets de Dieu ne peuvent être ni être conçus sans leur cause (par la Propos. 15 et le Coroll. de la Propos. 24) : secondement, que Dieu ne peut être appelé proprement la cause éloignée des choses particulières, si ce n’est afin de distinguer cet ordre de choses de celles que Dieu produit immédiatement, ou plutôt qui suivent de sa nature absolue. Par cause éloignée, en effet, nous entendons une cause qui n’est liée en aucune façon avec son effet. Or tout ce qui est, est en Dieu et dépend tellement de Dieu qu’il ne peut être ni être conçu sans lui.