EII - Proposition 35


La fausseté consiste dans une privation de connaissance qu’enveloppent les idées inadéquates, c’est-à-dire mutilées et confuses.

DÉMONSTRATION

Il n’y a rien dans les idées de positif qui constitue la forme de la fausseté (Prop. 33) et la fausseté ne peut consister dans une privation absolue de connaissance (car les Âmes, non les Corps, sont dites errer et se tromper) et pas davantage dans une ignorance absolue ; car ignorer et être dans l’erreur sont choses distinctes ; elle consiste donc dans une privation de connaissance qui est enveloppée dans une connaissance inadéquate des choses, c’est-à-dire dans des idées inadéquates et confuses. C.Q.F.D. [*]


Falsitas consistit in cognitionis privatione quam ideæ inadæquatæ sive mutilatæ et confusæ involvunt.

DEMONSTRATIO :

Nihil in ideis positivum datur quod falsitatis formam constituat (per propositionem 33 hujus) ; at falsitas in absoluta privatione consistere nequit (mentes enim, non corpora errare nec falli dicuntur) neque etiam in absoluta ignorantia ; diversa enim sunt ignorare et errare ; quare in cognitionis privatione quam rerum inadæquata cognitio sive ideæ inadæquatæ et confusæ involvunt, consistit. Q.E.D.

[*(Saisset :) La fausseté des idées consiste dans la privation de connaissance qu’enveloppent les idées inadéquates, c’est-à-dire les idées mutilées et confuses. Démonstration Il n’y a dans les idées rien de positif qui constitue la forme de la fausseté (par la Propos. 33). Or, la fausseté ne peut pas consister dans l’absolue privation (car on ne dit pas que les corps se trompent ou sont dans l’erreur, mais seulement les âmes), ni dans l’absolue ignorance ; car autre chose est l’ignorance, autre chose l’erreur. Elle consiste donc dans la privation de connaissance qu’enveloppe la connaissance inadéquate des choses, c’est-à-dire les idées inadéquates et confuses. C. Q. F. D.