EII - Proposition 43
Qui a une idée vraie sait en même temps qu’il a une idée vraie et ne peut douter de la vérité de sa connaissance.
DÉMONSTRATION
L’idée vraie en nous est celle qui est adéquate en Dieu en tant qu’il s’explique par la nature de l’Âme humaine (Coroll. de la Prop. 11). Supposons donc qu’une idée adéquate A soit donnée en Dieu, en tant qu’il s’explique par la nature de l’Âme humaine. De cette idée doit être nécessairement donnée en Dieu une idée qui se rapporte à Dieu de la même manière que l’idée A (Prop. 20 dont la Démonstration est universelle). Mais l’idée A est supposée se rapporter à Dieu en tant qu’il s’explique par la nature de l’âme humaine ; donc l’idée de l’idée A doit aussi appartenir à Dieu de la même manière, c’est-à-dire (Coroll. de la Prop. 11) que cette idée adéquate de l’idée A sera dans la même Âme qui a l’idée adéquate A ; qui donc a une idée adéquate, c’est-à-dire (Prop. 34) qui connaît une chose vraiment, doit en même temps avoir de sa connaissance une idée adéquate, en d’autres termes (comme il est évident de soi) une connaissance vraie. C.Q.F.D. [*]
Qui veram habet ideam, simul scit se veram habere ideam nec de rei veritate potest dubitare.
DEMONSTRATIO :
Idea vera in nobis est illa quæ in Deo quatenus per naturam mentis humanæ explicatur, est adæquata (per corollarium propositionis 11 hujus). Ponamus itaque dari in Deo quatenus per naturam mentis humanæ explicatur, ideam adæquatam A. Hujus ideæ debet necessario dari etiam in Deo idea quæ ad Deum eodem modo refertur ac idea A (per propositionem 20 hujus cujus demonstratio universalis est). At idea A ad Deum referri supponitur quatenus per naturam mentis humanæ explicatur ; ergo etiam idea ideæ A ad Deum eodem modo debet referri hoc est (per idem corollarium propositionis 11 hujus) hæc adæquata idea ideæ A erit in ipsa mente quæ ideam adæquatam A habet adeoque qui adæquatam habet ideam sive (per propositionem 34 hujus) qui vere rem cognoscit, debet simul suæ cognitionis adæquatam habere ideam sive veram cognitionem hoc est (ut per se manifestum) debet simul esse certus. Q.E.D.
EII - Proposition 49 - scolie.
EIV - Proposition 27 ; EIV - Proposition 52 ; EIV - Proposition 56 ; EIV - Proposition 62.
[*] (Saisset :) Celui qui a une idée vraie sait, en même temps, qu’il a cette idée et ne peut douter de la vérité de la chose qu’elle représente. Démonstration Une idée vraie dans l’âme humaine, c’est une idée qui est en Dieu d’une manière adéquate en tant que sa nature est exprimée par la nature humaine (par le Corollaire de la Propos. 11). Supposons donc en Dieu, en tant qu’il est exprimé par la nature de l’âme humaine, l’idée adéquate A. Il doit y avoir également en Dieu l’idée A, laquelle a le même rapport avec Dieu que A elle-même (par la Propos. 20, dont la démonstration est générale). Or, l’idée A se rapporte, par l’hypothèse, à Dieu en tant qu’il est exprimé par la nature de l’âme humaine. Donc l’idée de A aura avec Dieu le même rapport, c’est-à-dire (par le Corollaire de la Propos. 11) que cette idée adéquate de l’idée A sera aussi dans cette âme qui possède déjà l’idée A ; par conséquent, celui qui a une idée adéquate, en d’autres termes (par la Propos. 34), celui qui connaît une chose selon sa vraie nature, doit avoir en même temps de sa connaissance une idée adéquate, c’est-à-dire une connaissance vraie, et par une suite évidente posséder la certitude. C.Q.F.D.