EIV - Appendice - Chapitre 29


Cela, toutefois, n’est un vice que chez ceux qui sont en quête d’argent, non par besoin ni pour pourvoir aux nécessités de la vie, mais parce qu’ils ont appris l’art varié de s’enrichir et se font honneur de le posséder. Ils donnent bien au Corps sa pâture selon la coutume, mais en cherchant à épargner, parce qu’ils croient perdue toute partie de leur avoir dépensée pour la conservation du Corps. Pour ceux qui savent le vrai usage de la monnaie et règlent leur richesse sur le besoin seulement, ils vivent contents de peu. [*]


Sed hoc vitium eorum tantum est qui non ex indigentia nec propter necessitates nummos quærunt sed quia lucri artes didicerunt quibus se magnifice efferunt. Cæterum corpus ex consuetudine pascunt sed parce quia tantum de suis bonis se perdere credunt quantum sui corporis conservationi impendunt. At qui verum nummorum usum norunt et divitiarum modum ex sola indigentia moderantur, paucis contenti vivunt.

[*(Saisset :) Du reste, je n’entends pas attribuer cette habitude vicieuse à ceux qui recherchent l’argent par indigence ou pour les besoins de la vie, mais seulement à ces hommes habiles dans l’art du lucre qui ne songent qu’à faire un magnifique étalage de leurs richesses. Or, ces mêmes hommes, s’ils ont quelque soin de leur corps, ce n’est guère que par habitude ; et encore ne le font-ils qu’avec parcimonie, convaincus que tout ce qu’ils emploient à la conservation de leur corps est autant de perdu sur leurs biens. Mais pour ceux qui connaissent le véritable usage de l’argent et règlent sur leurs besoins la mesure de leurs richesses, ils savent vivre de peu et vivre contents.