EIV - Appendice - Chapitre 8


Tout ce qu’il y a dans la Nature que nous jugeons qui est mauvais, autrement dit, que nous jugeons capable d’empêcher que nous ne puissions exister et jouir d’une vie conforme à la raison, il nous est permis de l’écarter par la voie paraissant la plus sûre ; tout ce qu’il y a, au contraire que nous jugeons qui est bon ou utile à la conservation de notre être et à la jouissance de la vie conforme à la Raison, il nous est permis de le prendre pour notre usage et de nous en servir de toute façon ; et absolument parlant il est permis à chacun, suivant le droit suprême de la Nature, de faire ce qu’il juge devoir lui être utile. [*]


Quicquid in rerum natura datur quod judicamus malum esse sive posse impedire quominus existere et vita rationali frui queamus, id a nobis removere ea via quæ securior videtur, licet et quicquid contra datur quod judicamus bonum sive utile esse ad nostrum esse conservandum et vita rationali fruendum, id ad nostrum usum capere et eo quocunque modo uti nobis licet et absolute id unicuique summo naturæ jure facere licet quod ad ipsius utilitatem conferre judicat.

[*(Saisset :) Tout ce que nous jugeons mauvais dans la nature des choses, c’est-à-dire capable de nous empêcher d’exister et de jouir de la vie raisonnable, nous avons le droit de nous en délivrer par la voie qui nous paraît la plus sûre, et au contraire, tout ce que nous jugeons bon, c’est-à-dire utile à la conservation de notre être et capable de nous procurer la vie raisonnable, nous avons le droit de le prendre pour notre usage et de nous en servir de toutes manières ; et à parler d’une manière absolue, le droit suprême de la nature permet à chacun de faire tout ce qui peut lui être utile.