EIV - Proposition 14
Ethique III - Définition générale des affects.
EIV - Proposition 1 ; EIV - Proposition 7 ; EIV - Proposition 8.
La connaissance vraie du bon et du mauvais ne peut, en tant que vraie, réduire aucune affection, mais seulement en tant qu’elle est considérée comme une affection.
DÉMONSTRATION
Une affection est une idée par laquelle l’Âme affirme une force d’exister de son Corps plus grande ou moindre qu’auparavant (Déf. Gén. des Aff.) ; et ainsi (Prop. 1) elle n’a rien de positif qui puisse être ôté par la présence du vrai ; conséquemment, la connaissance vraie du bon et du mauvais ne peut, en tant que vraie, réduire aucune affection. Mais en tant qu’elle est une affection (voir Prop. 8), si elle est plus forte que l’affection à réduire, elle pourra dans cette mesure seulement la réduire(par la Prop. 7). C.Q.F.D. [*]
Vera boni et mali cognitio quatenus vera nullum affectum coercere potest sed tantum quatenus ut affectus consideratur.
DEMONSTRATIO :
Affectus est idea qua mens majorem vel minorem sui corporis existendi vim quam antea affirmat (per generalem affectuum definitionem) atque adeo (per propositionem 1 hujus) nihil positivum habet quod præsentia veri tolli possit et consequenter vera boni et mali cognitio quatenus vera nullum affectum coercere potest. At quatenus affectus est (vide propositionem 8 hujus) si fortior affectu coercendo sit, eatenus tantum (per propositionem 7 hujus) affectum coercere poterit. Q.E.D.
[*] (Saisset :) La vraie connaissance du bien et du mal, en tant que vraie, ne peut empêcher aucune passion ; elle ne le peut qu’en tant qu’on la considère comme une passion. Démonstration Une passion, c’est (d’après la Déf. gén. des pass.) une idée par laquelle l’âme affirme que son corps a une force d’exister plus grande ou plus petite qu’auparavant, et conséquemment (par la Propos. 1) rien de positif ne peut être détruit en elle par la présence du vrai ; d’où il suit que la vraie connaissance du bien et du mal, en tant que vraie, ne peut empêcher aucune passion. Mais en tant que cette connaissance est une passion (voyez la Propos. 8), si elle est plus forte qu’une passion contraire, elle pourra l’empêcher, et ne le pourra d’ailleurs qu’à ce seul titre (par la Propos. 7). C. Q. F. D.