EIV - Proposition 22


On ne peut concevoir aucune vertu antérieure à celle-là (c’est-à-dire à l’effort pour se conserver).

DÉMONSTRATION

L’effort pour se conserver est l’essence même d’une chose (Prop. 7, p. III). Si donc l’on pouvait concevoir une vertu antérieure à celle-là, c’est-à-dire à cet effort, l’essence d’une chose (Défin. 8) se concevrait antérieurement à elle-même ce qui (comme il est connu de soi) est absurde. Donc on ne peut concevoir aucune vertu, etc. C.Q.F.D. [*]


Nulla virtus potest prior hac (nempe conatu sese conservandi) concipi.

DEMONSTRATIO :

Conatus sese conservandi est ipsa rei essentia (per propositionem 7 partis III). Si igitur aliqua virtus posset hac nempe hoc conatu prior concipi, conciperetur ergo (per definitionem 8 hujus) ipsa rei essentia se ipsa prior, quod (ut per se notum) est absurdum. Ergo nulla virtus etc. Q.E.D.

[*(Saisset :) On ne peut concevoir aucune vertu antérieure à celle qui vient d’être définie (savoir, l’effort de chacun pour se conserver soi-même). Démonstration L’effort d’un être pour se conserver, c’est son essence même (par la Prop. 7, part. 3). Si donc il pouvait y avoir une vertu antérieure à celle-là, il faudrait concevoir l’essence de cet être comme antérieure à soi-même (par la Déf. 8), ce qui est évidemment absurde. Donc nulle vertu, etc. C. Q. F. D.