EIV - Proposition 47 - scolie
A cela s’ajoute que ces affections indiquent un manque de connaissance et une impuissance de l’Âme ; pour cette cause aussi la Sécurité, le Désespoir, l’Épanouissement et le Resserrement de conscience sont des signes d’impuissance intérieure. Bien que, en effet, la Sécurité et l’Épanouissement soient des affections de Joie, ils supposent cependant une Tristesse antécédente, à savoir l’Espoir et la Crainte. Plus donc nous nous efforçons de vivre sous la conduite de la Raison, plus nous faisons effort pour nous rendre moins dépendants de l’Espoir, nous affranchir de la Crainte, commander à la fortune autant que possible, et diriger nos actions suivant le conseil certain de la Raison. [*]
Huc accedit quod hi affectus cognitionis defectum et mentis impotentiam indicant et hac de causa etiam securitas, desperatio, gaudium et conscientiæ morsus animi impotentis sunt signa. Nam quamvis securitas et gaudium affectus sint lætitiæ, tristitiam tamen eosdem præcessisse supponunt nempe spem et metum. Quo itaque magis ex ductu rationis vivere conamur eo magis spe minus pendere et metu nosmet liberare et fortunæ quantum possumus imperare conamur nostrasque actiones certo rationis consilio dirigere.
[*] (Saisset :) Joignez à cela que ces passions marquent un défaut de connaissance et l’impuissance de l’âme ; et c’est pourquoi la sécurité, le désespoir, le contentement et le remords sont aussi des signes d’impuissance. Car bien que la sécurité et le contentement soient des passions nées de la joie, elles supposent une tristesse antérieure, savoir, celle qui accompagne toujours l’espérance et la crainte. De là vient que plus nous faisons effort pour vivre sous la conduite de la raison, plus aussi nous diminuons notre dépendance à l’égard de l’espérance et de la crainte, plus nous arrivons à commander à la fortune, et à diriger nos actions suivant une ligne régulière et raisonnable.