EIV - Proposition 57


L’Orgueilleux aime la présence des parasites ou des flatteurs, il hait celle des généreux.

DÉMONSTRATION

L’Orgueil est une Joie née de ce que l’homme fait trop de cas de lui-même (Déf. 28 et 6 des Aff.), et l’orgueilleux s’efforcera autant qu’il peut d’alimenter cette opinion (Scolie de la Prop. 13, p. III) ; il aimera donc la présence des parasites ou des flatteurs (j’ai omis de les définir parce qu’ils sont trop connus) et fuira au contraire celle des généreux qui font de lui le cas qu’il mérite. C.Q.F.D. [*]


Superbus parasitorum seu adulatorum præsentiam amat, generosorum autem odit.

DEMONSTRATIO :

Superbia est lætitia orta ex eo quod homo de se plus justo sentit (per definitiones 28 et 6 affectuum) quam opinionem homo superbus quantum potest fovere conabitur (vide scholium propositionis 13 partis III) adeoque superbi parasitorum vel adulatorum (horum definitiones omisi quia nimis noti sunt) præsentiam amabunt et generosorum qui de ipsis ut par est, sentiunt, fugient. Q.E.D.

[*(Saisset :) L’orgueilleux aime la présence des parasites, des flatteurs, et il déteste celle des gens de coeur. Démonstration L’orgueil, c’est la joie d’un homme qui pense de soi plus de bien qu’il n’est juste (par les Déf. 6 et 28 des passions), et cette opinion de soi-même, l’orgueilleux s’efforce, autant qu’il est en lui, de l’entretenir dans son âme (voyez le Scol. de la Propos. 13, part. 3) ; par conséquent il devra aimer la présence des parasites, des flatteurs (sortes de caractères trop connus pour que je n’en aie point omis la définition), et haïr au contraire celle des gens de cœur qui l’estiment son juste prix. C. Q. F. D.