EIV - Proposition 63 - corollaire


Par un Désir tirant son origine de la Raison nous poursuivons le bien directement et fuyons le mal indirectement.

DÉMONSTRATION

Un Désir tirant son origine de la Raison peut naître seulement d’une affection de Joie qui n’est pas une passion (Prop. 59, p. III), c’est-à-dire d’une Joie qui ne peut avoir d’excès (Prop. 61) et non d’une Tristesse ; ce Désir par suite (Prop. 8) naît de la connaissance du bien, non de celle du mal ; nous appétons donc sous la conduite de la Raison le bien directement et, en cette mesure seulement, fuyons le mal. C.Q.F.D. [*]


Cupiditate quæ ex ratione oritur, bonum directe sequimur et malum indirecte fugimus.

DEMONSTRATIO :

Nam cupiditas quæ ex ratione oritur, ex solo lætitiæ affectu quæ passio non est, oriri potest (per propositionem 59 partis III) hoc est ex lætitia quæ excessum habere nequit (per propositionem 61 hujus) non autem ex tristitia ac proinde hæc cupiditas (per propositionem 8 hujus) ex cognitione boni, non autem mali oritur atque adeo ex ductu rationis bonum directe appetimus et eatenus tantum malum fugimus. Q.E.D.

[*(Saisset :) Le désir qui provient de la raison nous fait aller en bien directement ; il ne nous éloigne du mal que d’une manière indirecte. Démonstration En effet, le désir qui provient de la raison ne peut avoir son principe que dans un sentiment de joie qui n’a pas le caractère d’une affection passive (par la Propos. 59, part. 3), c’est-à-dire (par la Propos. 61) qui ne peut avoir d’excès ; et elle ne peut naître d’un sentiment de tristesse. D’où il suit (par la Propos. 8) que ce désir provient de la connaissance du bien et non de celle du mal, et enfin que la raison nous fait désirer le bien directement, et ne nous éloigne du mal que d’une manière indirecte. C. Q. F. D.