EIV - Proposition 9 - scolie
Quand j’ai dit, Proposition 18, partie III, que nous sommes affectés de la même affection par l’image d’une chose future ou passée, que si la chose imaginée était présente, j’ai expressément fait observer que cela est vrai en tant que nous avons égard à la seule image de la chose elle-même ; elle est de même nature en effet, que nous ayons imaginé les choses comme présentes ou non ; je n’ai pas nié cependant que cette image est rendue plus faible quand nous considérons la présence d’autres choses excluant l’existence présente de la chose future ; je ne l’ai pas fait observer à ce moment parce que j’avais résolu de traiter dans cette Partie-ci des forces des affections. [*]
Cum supra in propositione 18 partis III dixerim nos ex rei futuræ vel præteritæ imagine eodem affectu affici ac si res quam imaginamur præsens esset, expresse monui id verum esse quatenus ad solam ipsius rei imaginem attendimus ; est enim ejusdem naturæ sive res ut præsentes imaginati simus sive non simus sed non negavi eandem debiliorem reddi quando alias res nobis præsentes contemplamur quæ rei futuræ præsentem existentiam secludunt, quod tum monere neglexi quia in hac parte de affectuum viribus agere constitueram.
[*] (Saisset :) Quand j’ai dit plus haut, dans la Propos. 18, part. 3, que l’image d’une chose future ou passée nous affectait de la même manière que si cette chose était présente, j’ai expressément averti que cela n’était vrai qu’en tant que nous considérons seulement l’image de la chose ; car cette image est de même nature, soit que nous ayons déjà imaginé la chose, soit que nous ne l’ayons pas encore imaginée. Mais je n’ai point nié que cette image ne devînt plus faible quand nous venons à contempler des choses présentes qui excluent l’existence présente de la chose future ; et si j’ai négligé de faire alors cette remarque, c’est que j’avais dessein de traiter dans une autre partie de la force des passions.