EV - Proposition 38 - scolie


Nous connaissons par là le point que j’ai touché dans le Scolie de la Proposition 39, partie IV, et que j’ai promis d’expliquer dans cette cinquième partie ; je veux dire que la Mort est d’autant moins nuisible qu’il y a dans l’Âme plus de connaissance claire et distincte et conséquemment d’amour de Dieu. De plus, puisque (Prop. 27) du troisième genre de connaissance naît le contentement le plus élevé qu’il puisse y avoir, l’Âme humaine peut être, suit-il de là, d’une nature telle que la partie d’elle-même périssant, comme nous l’avons montré (Prop. 21), avec le Corps, soit insignifiante relativement à celle qui demeure. Mais nous reviendrons bientôt plus amplement là-dessus. [*]


Hinc intelligimus id quod in scholio propositionis 39 partis IV attigi et quod in hac parte explicare promisi nempe quod mors eo minus est noxia quo mentis clara et distincta cognitio major est et consequenter quo mens magis Deum amat. Deinde quia (per propositionem 27 hujus) ex tertio cognitionis genere summa quæ dari potest oritur acquiescentia, hinc sequitur mentem humanam posse ejus naturæ esse ut id quod ejus cum corpore perire ostendimus (vide propositionem 21 hujus) in respectu ad id quod ipsius remanet, nullius sit momenti. Sed de his mox prolixius.

[*(Saisset :) Ceci nous fait comprendre un point que j’ai touché dans le Scol. de la Propos. 39, part. 4, en promettant de l’expliquer complètement ici, savoir : que la mort est d’autant moins nuisible que la connaissance claire et distincte de l’âme est plus grande, que l’âme aime Dieu davantage. De plus, puisque c’est de la connaissance du troisième genre que naît (par la Propos. 27) la paix la plus parfaite dont l’âme soit capable de jouir, il en résulte que l’âme humaine peut être d’une nature telle que ce qui périt d’elle avec le corps (ainsi qu’on l’a montré dans la Propos. 21) ne soit d’aucun prix en comparaison de ce qui continue d’exister après la mort. Mais nous nous expliquerons bientôt sur ce point avec plus d’étendue.