EV - Proposition 39


Qui a un corps possédant un très grand nombre d’aptitudes, la plus grande partie de son Âme est éternelle.

DÉMONSTRATION

Qui a un Corps apte à faire un très grand nombre de choses, il est très peu dominé par les affections qui sont mauvaises (Prop. 38, p. IV), c’est-à-dire par les affections (Prop. 30, p. IV) qui sont contraires à notre nature ; et ainsi (Prop. 10) il a le pouvoir d’ordonner et d’enchaîner les affections du Corps suivant un ordre valable pour l’entendement, et conséquemment de faire (Prop. 14) que toutes les affections du Corps se rapportent à l’idée de Dieu ; par où il arrivera (Prop. 15) qu’il soit affecté envers Dieu de l’Amour qui (Prop. 16) doit occuper ou constituer la plus grande partie de l’Âme, et par suite il a une Âme (Prop. 33) dont la plus grande partie est éternelle. C.Q.F.D. [*]


Qui corpus ad plurima aptum habet, is mentem habet cujus maxima pars est æterna.

DEMONSTRATIO :

Qui corpus ad plurima agendum aptum habet, is minime affectibus qui mali sunt, conflictatur (per propositionem 38 partis IV) hoc est (per propositionem 30 partis IV) affectibus qui naturæ nostræ sunt contrarii atque adeo (per propositionem 10 hujus) potestatem habet ordinandi et concatenandi corporis affectiones secundum ordinem ad intellectum et consequenter efficiendi (per propositionem 14 hujus) ut omnes corporis affectiones ad Dei ideam referantur, ex quo fiet (per propositionem 15 hujus) ut erga Deum afficiatur amore qui (per propositionem 16 hujus) mentis maximam partem occupare sive constituere debet ac proinde (per propositionem 33 hujus) mentem habet cujus maxima pars est æterna. Q.E.D.

[*(Saisset :) Celui dont le corps est propre à un grand nombre de fonctions a une âme dont la plus grande partie est éternelle. Démonstration Celui dont le corps est propre à un grand nombre de fonctions est moins sujet que personne au conflit des passions mauvaises (par la Propos. 38, part. 4), c’est-à-dire (par la Propos. 30, part. 4) des passions contraires à notre nature ; et par conséquent (en vertu de la Propos. 10), il a le pouvoir d’ordonner et d’enchaîner les affections du corps suivant la loi de l’entendement, par conséquent encore (en vertu de la Propos. 14) de faire que toutes les affections du corps se rapportent à l’idée de Dieu (par la Propos. 15). Il sera donc animé de l’amour de Dieu, lequel (par la Propos. 16) doit occuper ou constituer la plus grande partie de l’âme ; d’où il résulte enfin (par la Propos. 33) que la plus grande partie de son âme sera éternelle. C. Q. F. D.