PPD - II - Proposition 5 - Scolie



La question des atomes fut toujours difficile et embrouillée. Quelques-uns affirment qu’il y a des Atomes parce qu’un infini ne peut être plus grand qu’un autre infini ; or si deux quantités, disons A et une quantité double de A, sont divisibles à l’infini, elles pourront aussi par la puissance de Dieu, qui connaît leurs parties infinies d’une seule vue, être actuellement divisées en parties infinies. Donc, puisqu’un infini ne peut être, ainsi que nous l’avons dit, plus grand qu’un autre infini, la quantité A sera égale à une quantité double, ce qui est absurde. On demande en outre si la moitié d’un nombre infini est aussi infinie, si elle est paire ou impaire, et autres questions semblables. A tout cela Descartes répond que nous ne devons pas rejeter les choses qui tombent sous notre entendement et sont conçues par suite clairement et distinctement, à cause d’autres choses qui dépassent notre entendement ou notre compréhension et par suite ne peuvent pas être perçues par nous sinon très inadéquatement. Or l’infini et ses propriétés dépassent l’entendement humain, lequel est de sa nature fini ; il serait donc inepte de rejeter comme faux ce que nous concevons clairement et distinctement au sujet de l’espace, ou de le tenir pour douteux, parce que nous ne comprenons pas l’infini. Et pour cette raison Descartes tient pour indéfinies ou illimitées les choses dans lesquelles nous n’observons point de limites, comme l’étendue du monde, la divisibilité des parties de la matière, etc. Lire les Principes, partie 1, article 26.