Proposition 5 - Scolie
De cette proposition découlent d’importantes conséquences ; de cela même, peut-on dire, que l’existence appartient à la nature de Dieu, ou que le concept de Dieu enveloppe l’existence nécessaire comme le concept du triangle que ses trois angles égalent deux droits ; ou que son existence, non moins que son essence, est une vérité éternelle, dépend presque toute la connaissance des attributs de Dieu, laquelle nous conduit à l’amour de Dieu (c’est-à-dire à la suprême béatitude). C’est pourquoi il serait fort à souhaiter que le genre humain comprît enfin ces choses avec nous. Je reconnais d’ailleurs qu’il existe des préjugés [1] qui empêchent que chacun ne le comprenne aussi facilement. Si cependant, avec une intention droite, et poussé par le seul amour de la vérité et de son intérêt véritable, on voulait examiner ce point et peser en soi-même ce qui est dit dans la Cinquième Méditation, à la fin de la Réponse aux Premières objections et aussi ce que nous disons sur l’éternité dans la partie II, chapitre 1, de notre Appendice, il n’est pas douteux qu’on ne connaisse la chose aussi clairement que possible et nul ne pourra douter s’il a une idée de Dieu (ce qui est assurément le premier fondement de la béatitude humaine). Car il verra clairement aussi que l’idée de Dieu diffère beaucoup des idées des autres objets sitôt qu’il connaîtra que Dieu diffère entièrement, et quant à l’essence et quant à l’existence, des autres êtres. Il n’est donc pas nécessaire de retenir plus longtemps le lecteur en ce point.
[1] Qu’on lise les Principes, part. 1, art. 16.