Traité politique, VI, 08



De tout ce qui précède il suit que le roi est d’autant moins son propre maître et que la condition du sujet est d’autant plus digne de pitié, que le pouvoir de la Cité lui est davantage transféré sans réserve. Il est donc nécessaire, pour établir un régime monarchique tel qu’il se doit, de poser des principes assez fermes pouvant lui servir de fondement : des principes donnant la sécurité au monarque et la paix à la population de façon que le monarque soit autant qu’il est possible son propre maître et veille le plus qu’il se puisse au salut de la population. Quels doivent être ces principes, c’est ce que je vais d’abord énoncer, après quoi je les exposerai avec ordre.


Traduction Saisset :

Il suit de tout cela que le Roi est d’autant moins son maître et que la condition des sujets est d’autant plus misérable à mesure que le droit de l’État est transféré plus complètement à un même individu. C’est donc une chose nécessaire, si on veut établir convenablement le gouvernement monarchique, de lui donner des fondements assez solides pour que le monarque soit en sécurité et la multitude en paix, de telle sorte enfin que le monarque le plus occupé du salut de la multitude soit aussi celui qui est le plus son maître. Or, quelles sont ces conditions fondamentales du gouvernement monarchique ? je vais d’abord les indiquer en peu de mots, pour les reprendre ensuite et les démontrer dans un ordre méthodique.


Ex quibus omnibus sequitur, regem eo minus sui iuris, et subditorum conditionem eo miseriorem esse, quo magis absolute civitatis ius in eundem transfertur. Atque adeo necesse est, ad imperium monarchicum rite stabiliendum fundamenta iacere firma, quibus superstruatur ; ex quibus monarchae securitas et multitudini pax sequatur ; ac proinde, ut monarcha tum maxime sui iuris sit, cum maxime multitudinis saluti consulit. Quaenam autem haec imperii monarchici fundamenta sint, primum breviter proponam, et deinde ordine ea ostendam.