Traité politique, VI, 19
Les citoyens n’auront aucun accès auprès du roi, sinon par l’intermédiaire du conseil auquel seront transmises toutes les pétitions et suppliques afin d’être par lui communiquées au roi. Aux ambassadeurs des Cités étrangères également, il ne sera possible d’obtenir la faveur de parler au roi que par l’intermédiaire du conseil. Les missives envoyées au roi du dehors lui seront transmises par le conseil et, d’une manière générale, le roi devra se regarder comme l’âme de la Cité, mais le conseil tiendra la place qu’occupent dans l’homme les organes des sens. Il sera en quelque sorte le corps de la Cité par lequel l’âme conçoit la situation de l’État et agit après avoir décidé ce qui pour lui est le meilleur.
Traduction Saisset :
Les citoyens n’auront aucun accès auprès du Roi que par l’intermédiaire du Conseil, et c’est au Conseil qu’il faudra remettre toutes les demandes et suppliques, pour être présentées au Roi. Il ne sera pas permis non plus aux ambassadeurs des autres États de solliciter la faveur de parler au Roi autrement que par l’intercession du Conseil. C’est encore le Conseil qui devra transmettre au Roi les lettres qui lui seront envoyées du dehors. En un mot, le Roi étant comme l’âme de l’État, le Conseil servira à cette Âme de sens extérieurs et de corps ; il lui fera connaître la situation de l’État et sera son instrument pour accomplir ce qui aura été reconnu meilleur.
Civibus nulli ad regem aditus pateant nisi per hoc concilium, cui omnes postulationes seu libelli supplices tradendi sunt, ut regi offerantur. Legatis etiam aliarum civitatum non nisi intercedente hoc concilio veniam regem alloquendi impetrare liceat. Epistolae praeterea, quae ex aliis locis regi mittuntur, ei ab hoc concilio tradi debent ; et absolute rex censendus est veluti civitatis mens, hoc autem concilium mentis sensus externi, ceu civitatis corpus, per quod mens civitatis statum concipit et per quod mens id agit, quod sibi optimum esse decernit.