Traité politique, VIII, §10



Pour cette raison aussi que tous, à l’exception des patriciens, sont des étrangers, il est impossible sans péril pour tout l’État, que les champs, les maisons et tout le territoire deviennent propriété publique et soient affermés aux habitants pour un loyer annuel. Les sujets en effet, n’ayant nulle part au pouvoir, abandonneraient facilement les villes dans les mauvaises années s’il leur était permis de transporter leur bien à leur gré. Il ne faut donc pas louer mais vendre les champs et les fonds de terre aux sujets, à cette condition toutefois que sur le produit annuel ils paient chaque année une contribution ainsi que c’est la règle en Hollande.


Traduction Saisset :

Par cette même raison que tous les sujets, à l’exception des patriciens, sont des étrangers, il ne se peut faire sans péril capital pour l’État que les champs, les maisons et tout le sol restent propriété publique et soient loués aux habitants moyennant un prix annuel. En effet, les sujets n’ayant aucune part au gouvernement de l’État ne manqueraient pas, en cas de malheur, de quitter les villes, s’il leur était permis d’emporter où ils voudraient les biens qu’ils auraient entre les mains. Ainsi donc les champs et les fonds de terre ne seront pas loués aux sujets, mais vendus à cette condition toutefois qu’ils versent au trésor tous les ans une partie déterminée de leur récolte, etc., comme cela se fait en Hollande.


Praeterea hac etiam de causa, quod omnes praeter patricios peregrini sunt, fieri non potest absque totius imperii periculo, ut agri et domus et omne solum publici iuris maneant, et ut incolis annuo pretio locentur. Nam subditi, qui nullam in imperio partem habent, facile omnes in adversis urbes desererent, si bona, quae possident, portare quo vellent liceret. Quare agri et fundi huius imperii subditis non locandi, sed vendendi sunt, ea tamen conditione, ut etiam ex annuo proventu partem aliquotam singulis annis numerent etc., ut in Hollandia fit.