EII - Proposition 12


Tout ce qui arrive dans l’objet de l’idée constituant l’Âme humaine doit dire perçu par cette Âme ; en d’autres termes, une idée en est nécessairement donnée en elle ; c’est-à-dire si l’objet de l’idée constituant l’Âme humaine est un corps, rien ne pourra arriver dans ce corps qui ne soit perçu par l’Âme.

DÉMONSTRATION

De tout ce qui en effet arrive dans l’objet d’une idée quelconque, la connaissance est nécessairement donnée en Dieu (Coroll. de la Prop. 9), en tant qu’on le considère comme affecté de l’idée de cet objet, c’est-à-dire (Prop. 11) en tant qu’il constitue l’âme de quelque chose. De tout ce donc qui arrive dans l’objet de l’idée constituant l’Âme humaine, la connaissance est donnée en Dieu, en tant qu’il constitue la nature de l’Âme humaine, c’est-à-dire (Coroll. de la Prop. 11) la connaissance de cette chose sera nécessairement dans l’Âme, en d’autres termes l’Âme la perçoit. C.Q.F.D. [*]


Quicquid in objecto ideæ humanam mentem constituentis contingit, id ab humana mente debet percipi sive ejus rei dabitur in mente necessario idea hoc est si objectum ideæ humanam mentem constituentis sit corpus, nihil in eo corpore poterit contingere quod a mente non percipiatur.

DEMONSTRATIO :

Quicquid enim in objecto cujuscunque ideæ contingit, ejus rei datur necessario in Deo cognitio (per corollarium propositionis 9 hujus) quatenus ejusdem objecti idea affectus consideratur hoc est (per propositionem 11 hujus) quatenus mentem alicujus rei constituit. Quicquid igitur in objecto ideæ humanam mentem constituentis contingit, ejus datur necessario in Deo cognitio quatenus naturam humanæ mentis constituit hoc est (per corollarium propositionis 11 hujus) ejus rei cognitio erit necessario in mente sive mens id percipit. Q.E.D.

[*(Saisset) : Tout ce qui arrive dans l’objet de l’idée qui constitue l’âme humaine doit être perçu par elle ; en d’autres termes, l’âme humaine en aura nécessairement connaissance. Par où j’entends que si l’objet de l’idée qui constitue l’âme humaine est un corps, il ne pourra rien arriver dans ce corps que l’âme ne le perçoive. Démonstration En effet, tout ce qui arrive dans l’objet d’une idée quelconque, Dieu en a nécessairement connaissance (par le Corollaire de la Propos. 9), en tant qu’on le considère comme affecté de l’idée de ce même objet, c’est-à-dire (par la Propos. 11), en tant qu’il constitue l’âme d’une certaine chose. Par conséquent, tout ce qui arrive dans l’objet de l’idée qui constitue l’âme humaine, Dieu en a nécessairement connaissance, en tant qu’il constitue la nature de l’âme humaine ; en d’autres termes (par le Corollaire de la Propos. 11), la connaissance de cet objet sera nécessairement dans l’âme, et l’âme le percevra.