EII - Proposition 18
Si le corps humain a été affecté une fois par deux ou plusieurs corps simultanément sitôt que l’Âme imaginera plus tard l’un d’eux, il lui souviendra aussi des autres.
DÉMONSTRATION
L’Âme (Coroll. préc.) imagine un corps par ce motif que le Corps humain est affecté et disposé par les vestiges d’un corps extérieur de la même manière qu’il a été affecté, quand certaines de ses parties ont reçu une impulsion de ce corps extérieur lui-même ; mais (par hypothèse) le Corps a dans une certaine rencontre été disposé de telle sorte que l’Âme imaginât deux corps en même temps, elle imaginera donc aussi par la suite les deux corps en même temps, et sitôt qu’elle imaginera l’un des deux, il lui souviendra aussi de l’autre. C.Q.F.D. [*]
Si corpus humanum a duobus vel pluribus corporibus simul affectum fuerit semel, ubi mens postea eorum aliquod imaginabitur, statim et aliorum recordabitur.
DEMONSTRATIO :
Mens (per corollarium præcedentis) corpus aliquod ea de causa imaginatur quia scilicet humanum corpus a corporis externi vestigiis eodem modo afficitur disponiturque ac affectum est cum quædam ejus partes ab ipso corpore externo fuerunt impulsæ sed (per hypothesin) corpus tum ita fuit dispositum ut mens duo simul corpora imaginaretur ; ergo jam etiam duo simul imaginabitur atque mens ubi alterutrum imaginabitur, statim et alterius recordabitur. Q.E.D.
EII - Proposition 40 - scolie 1 ; EII - Proposition 44 - corollaire 1 - scolie.
EIII - Proposition 11 - scolie ; EIII - Proposition 14 ; EIII - Proposition 52.
EV - Proposition 1 ; EV - Proposition 10 - scolie ; EV - Proposition 12 ; EV - Proposition 13.
[*] (Saisset) : Si le corps humain a été affecté une fois par deux ou plusieurs corps, dès que l’âme viendra ensuite à imaginer un de ces corps, aussitôt elle se souviendra également des autres. Démonstration Ce qui fait que l’âme imagine un certain corps, c’est (par le Corollaire précéd.) que le corps humain est affecté et disposé par les traces d’un même corps extérieur comme il l’était quand quelques-unes de ses parties étaient ébranlées par le corps extérieur lui-même. Or, nous supposons que le corps humain a été disposé de telle sorte que l’âme imaginait à la fois deux corps. Lors donc que cette disposition se reproduira, l’âme imaginera encore deux corps à la fois ; et de cette façon, dès qu’elle imaginera l’un d’entre eux, elle se souviendra à l’instant de l’autre. C.Q.F.D.