EIII - Proposition 3 - scolie
Nous voyons donc que les passions ne se rapportent à l’Âme qu’en tant qu’elle a quelque chose qui enveloppe une négation, c’est-à-dire en tant qu’on la considère comme une partie de la Nature qui ne peut être perçue clairement et distinctement par elle-même sans les autres parties ; et je pourrais, par le même raisonnement, montrer que les passions se rapportent aux choses singulières de même façon qu’à l’Âme et ne peuvent être perçues en une autre condition, mais mon dessein est ici de traiter seulement de l’Âme humaine. [*]
Videmus itaque passiones ad mentem non referri nisi quatenus aliquid habet quod negationem involvit sive quatenus consideratur ut naturæ pars quæ per se absque aliis non potest clare et distincte percipi et hac ratione ostendere possem passiones eodem modo ad res singulares ac ad mentem referri nec alia ratione posse percipi sed meum institutum est de sola mente humana agere.
[*] (Saisset :) Nous voyons par là que les passions ne se rapportent à l’âme qu’en tant qu’elle a en soi quelque chose qui enveloppe une négation, en d’autres termes, qu’en tant qu’elle est une partie de la nature, laquelle, prise en soi et indépendamment des autres parties, ne peut se concevoir clairement et distinctement ; et par cette raison, je pourrais montrer que les passions ont avec les choses particulières le même rapport qu’avec l’âme, et ne se peuvent concevoir d’aucune autre manière ; mais mon objet est de traiter seulement de l’âme humaine.