EIV - Proposition 32




Dans la mesure où les hommes sont soumis aux passions, on ne peut dire qu’ils s’accordent en nature.

DÉMONSTRATION

Quand on dit que des choses s’accordent en nature, on entend qu’elles s’accordent en puissance (Prop. 7, p. III), mais non en impuissance ou en négation, et conséquemment (Scolie de la Prop. 3, p. III) non plus en passion ; en tant que les hommes sont soumis aux passions, on ne peut donc dire qu’ils s’accordent en nature. C.Q.F.D. [*]


Quatenus homines passionibus sunt obnoxii, non possunt eatenus dici quod natura conveniant.

DEMONSTRATIO :

Quæ natura convenire dicuntur, potentia convenire intelliguntur (per propositionem 7 partis III) non autem impotentia seu negatione et consequenter (vide scholium propositionis 3 partis III) neque etiam passione ; quare homines quatenus passionibus sunt obnoxii, non possunt dici quod natura conveniant. Q.E.D.

[*(Saisset :) En tant que les hommes sont soumis aux passions, on ne peut dire qu’il y ait entre eux conformité de nature. Démonstration C’est par la puissance qu’il y a entre deux êtres conformité de nature (en vertu de la Propos. 7, part. 3), et non par l’impuissance et la négation, ni conséquemment (en vertu du Scol. de la Propos. 3, part. 2) par la passion. Donc, entre les hommes qui sont soumis aux passions, il n’y a point conformité de nature.