EIII - Proposition 40 - scolie


S’il imagine avoir donné une juste cause de Haine, alors (Prop. 30 et Scolie) il sera affecté de Honte. Mais cela (Prop. 25) arrive rarement. Cette réciprocité de Haine peut naître aussi de ce que la Haine est suivie d’un effort pour faire du mal à celui qu’on a en haine (Prop. 39). Qui donc imagine que quelqu’un l’a en haine, l’imagine cause d’un mal ou d’une Tristesse ; et ainsi il sera affecté d’une Tristesse ou d’une Crainte qu’accompagnera comme cause l’idée de celui qui l’a en haine, autrement dit il sera comme ci-dessus affecté de haine. [*]


Quod si se justam odii causam præbuisse imaginatur, tum (per propositionem 30 hujus et ejusdem scholium) pudore afficietur. Sed hoc (per propositionem 25 hujus) raro contingit. Præterea hæc odii reciprocatio oriri etiam potest ex eo quod odium sequatur conatus malum inferendi ei qui odio habetur (per propositionem 39 hujus). Qui igitur se odio haberi ab aliquo imaginatur, eundem alicujus mali sive tristitiæ causam imaginabitur atque adeo tristitia afficietur seu metu concomitante idea ejus qui ipsum odio habet tanquam causa hoc est odio contra afficietur ut supra.

[*(Saisset :) Que s’il vient à imaginer qu’il ait donné à celui qui le hait un juste sujet de haine, il éprouvera de la honte (par la Propos. 30 et son Scol.). Mais cela arrive rarement (par la Propos. 25). J’ajoute que cette haine réciproque peut aussi venir de ce que la haine est suivie (par la Propos. 39) d’un effort pour faire du mal à celui qui en est l’objet. D’où il résulte que celui qui se croit haï par un autre se le représente comme une cause de mal ou de tristesse, et partant est saisi d’un sentiment de tristesse ou de crainte accompagné de l’idée de celui qui le hait ; en d’autres termes, il le hait à son tour, ainsi qu’on l’a démontré plus haut.