EV - Proposition 18 - scolie
Quand nous concevons Dieu comme la cause de toutes choses, peut-on objecter, nous considérons par cela même Dieu comme la cause de la Tristesse. Je réponds que dans la mesure où nous connaissons les causes de la Tristesse, elle cesse (Prop. 3) d’être une passion, c’est-à-dire (Prop. 59, p. III) cesse d’être une Tristesse ; et ainsi, dans la mesure où nous connaissons que Dieu est cause de la Tristesse, nous sommes joyeux. [*]
At objici potest quod dum Deum omnium rerum causam intelligimus, eo ipso Deum tristitiæ causam consideramus. Sed ad hoc respondeo quod quatenus tristitiæ causas intelligimus eatenus (per propositionem 3 hujus) ipsa desinit esse passio hoc est (per propositionem 59 partis III) eatenus desinit esse tristitia atque adeo quatenus Deum tristitiæ causam esse intelligimus eatenus lætamur.
[*] (Saisset :) On peut objecter cependant qu’en concevant Dieu comme cause de toutes choses, nous le considérons comme cause de la tristesse. Je réponds que la tristesse, en tant que nous en concevons les causes, cesse d’être une passion (par la Propos. 3) ; en d’autres termes (par la Propos. 59, part. 3) elle cesse d’être la tristesse ; d’ou il suit qu’en tant que nous concevons Dieu comme cause de la tristesse, nous éprouvons de la joie.