EV - Proposition 20


Cet Amour envers Dieu ne peut être gâté ni par une affection d’Envie ni par une affection de Jalousie ; mais il est d’autant plus alimenté que nous imaginons plus d’hommes joints à Dieu par le même lien d’Amour.

DÉMONSTRATION

Cet Amour envers Dieu est le bien suprême, que nous pouvons appéter suivant le commandement de la Raison (Prop. 28, p. IV), il est commun à tous (Prop. 36, p. IV), et nous désirons que tous s’en épanouissent (Prop. 37, p. IV) ; et ainsi (Déf. 23 des Aff.) il ne peut être sali par une affection d’Envie non plus (Prop. 18 et Déf. de la Jalousie dans le Scolie de la Prop. 35, p. III) que de Jalousie ; mais, au contraire (Prop. 31, p. III), il doit être alimenté d’autant plus que nous imaginons que plus d’hommes s’en épanouissent. [*]


Hic erga Deum amor neque invidiæ neque zelotypiæ affectu inquinari potest sed eo magis fovetur quo plures homines eodem amoris vinculo cum Deo junctos imaginamur.

DEMONSTRATIO :

Hic erga Deum amor summum bonum est quod ex dictamine rationis appetere possumus (per propositionem 28 partis IV) et omnibus hominibus commune est (per propositionem 36 partis IV) et omnes ut eodem gaudeant cupimus (per propositionem 37 partis IV) atque adeo (per 23 affectuum definitionem) invidiæ affectu maculari nequit neque etiam (per propositionem 18 hujus et definitionem zelotypiæ, quam vide in scholio propositionis 35 partis III) zelotypiæ affectu sed contra (per propositionem 31 partis III) eo magis foveri debet quo plures homines eodem gaudere imaginamur. Q.E.D.

[*(Saisset :) Cet amour de Dieu ne peut être souillé par aucun sentiment d’envie ni de jalousie, et il est entretenu en nous avec d’autant plus de force que nous nous représentons un plus grand nombre d’hommes comme unis avec Dieu de ce même lien d’amour. Démonstration Cet amour de Dieu est le bien le plus élevé que puisse désirer une âme que la raison gouverne (par la Propos. 28, part. 4) ; il est commun à tous les hommes (par la Propos. 36, part. 4), et nous désirons que tous nos semblables en jouissent (par la Propos. 37, part. 4) ; par conséquent (en vertu de la Défin. 23 des passions), il ne peut être souillé d’aucun mélange d’envie ni de jalousie (par la Propos. 18, et la Défin. de la jalousie qui se trouve au Scol. de la Propos. 35, part. 3) ; au contraire (par la Propos. 31, part. 3), cet amour de Dieu doit être entretenu en nous avec d’autant plus de force, que nous imaginons un plus grand nombre d’hommes jouissant du bonheur qu’il procure. C. Q. F. D.