Lettre 84 - Spinoza à un ami, au sujet du Traité politique
à un ami au sujet du Traité politique.
Cher ami [1],
J’ai eu hier le plaisir de recevoir votre lettre. Je vous remercie de cœur du zèle dont vous faites preuve à mon égard. Je ne laisserais pas échapper cette occasion, si je n’étais occupé à une besogne que je juge plus utile et qui, à ce que je crois, vous plaira à vous aussi davantage : il s’agit de la composition du Traité politique entreprise il y a quelque temps à votre instigation. De ce Traité six chapitres sont dès à présent terminés. Le premier contient une manière d’introduction à l’ouvrage, le deuxième traite du droit naturel, le troisième du droit du souverain, le quatrième expose quelles affaires politiques dépendent du gouvernement du souverain. Dans le cinquième est recherché quelle est la fin dernière que la société peut avoir en vue, dans le sixième en quelle manière l’État monarchique doit être institué pour ne pas tomber dans la tyrannie. Maintenant je rédige le septième chapitre dans lequel je démontre méthodiquement tout ce qui se trouve contenu concernant la monarchie dans le chapitre précédent. Ensuite je passerai à l’aristocratie et à l’État populaire, enfin aux lois et aux autres questions particulières concernant la politique. Adieu.
B. DE SPINOZA.
[1] Le destinataire de cette lettre est inconnu. Il s’agit peut-être, d’après CH. Appuhn, de Jarig Jelles. Cette lettre a été utilisée par les éditeurs des Opera posthuma en guise de Préface pour le Traité politique. Voyez Lettre de l’auteur à un ami qui pourrait parfaitement servir de Préface à ce Traité politique (note jld).