Proposition 7 - Démonstration
Si j’avais la force de me conserver, je serais d’une nature telle que j’envelopperais l’existence nécessaire (par le Lemme 1) donc (par le corollaire du Lemme 2 [*]) ma nature contiendrait toutes les perfections. Or, je trouve en moi, en tant que je suis chose pensante, beaucoup d’imperfections (par exemple, que je doute, que je désire, etc.) dont je suis certain (par le Scolie de la Proposition 4) ; je n’ai donc aucun pouvoir de me conserver. Et je ne puis dire que je manque de ces perfections, parce que j’ai voulu me les refuser, car cela contredirait évidemment au premier Lemmeet à ce que je trouve clairement en moi.
En outre, je ne puis exister actuellement sans être conservé aussi longtemps que j’existe soit par moi-même, si j’en ai le pouvoir, soit par un autre, qui ait ce pouvoir (par les Axiomes 10 et 11). Or j’existe (par la Scolie de la Proposition 4), et cependant je n’ai pas le pouvoir de me conserver moi-même, donc je suis conservé par un autre. Mais non par un autre qui n’ait pas la force de se conserver (pour la même raison par laquelle je viens de démontrer que je ne pouvais me conserver moi-même) ; donc par un autre qui ait la force de se conserver, c’est-à-dire (par le Lemme 2) dont la nature enveloppe l’existence nécessaire, ou encore (par le Corollaire du Lemme 1) qui contienne toutes les perfections que je connais clairement qui appartiennent à l’être suprêmement parfait ; et ainsi (par la Définition 8) cet être suprêmement parfait, c’est-à-dire Dieu, existe.
C. Q. F. D.
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[*] Il s’agit en fait du Corollaire du Lemme 1 (note jld).