TTP - chap.VIII : §§1-2 : Introduction.
[1] Dans le précédent chapitre nous avons traité des fondements et des principes de la connaissance des Écritures et nous avons montré qu’ils n’étaient autres que la connaissance historique et critique de l’Écriture. Mais les Anciens l’ont négligée, quoique nécessaire avant tout, ou, s’ils l’ont écrite ou transmise, elle a péri par l’injure du temps ; par suite une grande partie de ces fondements et principes manque entièrement. Encore cela serait-il supportable si la postérité s’était, par la suite, tenue dans de justes limites et avait transmis de bonne foi à ses successeurs le peu qu’elle avait trouvé, sans introduire de nouveautés de sa propre invention : son infidélité a fait que les renseignements historiques donnés sur l’Écriture ne sont pas seulement incomplets mais menteurs, c’est-à-dire que les fondements de la connaissance des Écritures ne sont pas seulement insuffisants en nombre, de sorte qu’on ne peut rien édifier de complet sur eux, mais fort défectueux en qualité.
[2] Il rentre dans mon dessein de les corriger et de lever les préjugés communs de la Théologie. Je crains toutefois que ma tentative ne soit trop tardive ; les choses en sont venues presque à tel point que les hommes ne souffrent plus d’être redressés en ce qui concerne la Religion, et défendent obstinément les préjugés qu’ils ont embrassés sous ce nom ; nulle place ne demeure plus à la Raison si ce n’est aux yeux d’un très petit nombre (comparativement), si grande est l’extension qu’ont prise les préjugés. Je ne laisserai pas de m’y efforcer cependant, et je poursuivrai ma tentative, n’y ayant pas de raison d’en désespérer entièrement.