TTP - chap.VIII - §§3-10 : Qui sont les auteurs des premiers livres de la Bible : ceux qui en sont aussi les acteurs, ou bien d’autres, souvent beaucoup plus tardifs ?



A. §§3-6 : le Pentateuque.

[3] Pour procéder avec ordre, je commencerai par les préjugés relatifs aux hommes qui ont écrit les Livres sacrés ; et en premier lieu à celui qui a écrit le Pentateuque. Presque tous ont cru que c’était Moïse ; les Pharisiens l’ont même soutenu avec un tel acharnement qu’ils ont tenu quiconque pensait autrement pour hérétique. Pour cette cause Aben Ezra, homme d’esprit assez libre et d’une érudition non médiocre, le premier qui, à ma connaissance, ait aperçu ce préjugé, n’osa pas expliquer ouvertement sa pensée, mais l’indiqua seulement en termes assez obscurs ; je ne craindrai pas de les éclaircir et d’en faire apparaître la vérité avec évidence.

Voici quelles sont les paroles d’Aben Ezra dans son commentaire du Deutéronome : Au delà du Jourdain, etc., pourvu que tu connaisses le mystère des douze... ; et Moïse écrivit aussi la loi... ; et le Chananéen était alors sur la terre... ; il sera révélé sur la montagne de Dieu... ; alors aussi voilà son lit, un lit de fer... ; alors tu connaîtras la vérité. Par ce peu de mots il indique et en même temps prouve que ce ne fut pas Moïse qui écrivit le Pentateuque, mais quelque autre qui a vécu longtemps après, et que le livre écrit par Moïse était différent. Pour montrer cela il note :

1° que la préface même du Deutéronome n’a pu être écrite par Moïse qui n’a pas traversé le Jourdain ;

2° que tout le livre de Moïse a été transcrit très lisiblement sur le seul pourtour d’un autel unique (voir Deutéronome, chap. XXVII, et Josué, chap. VIII, v. 37), lequel, d’après la relation des Rabbins, ne se composait que de douze pierres ; d’où cette conséquence que le livre, de Moïse était d’une étendue beaucoup moindre que le Pentateuque. C’est là, dis-je, ce que l’auteur a voulu signifier par le mystère des douze ; à moins peut-être qu’il n’ait entendu les douze malédictions qui se trouvent dans le chapitre ci-dessus cité du Deutéronome et qu’il a peut-être cru qui n’avaient pas été comprises dans le livre de la Loi : Moïse, en effet, après avoir écrit la loi ordonne en outre aux Lévites de réciter ces malédictions pour astreindre par un serment le peuple à l’obéissance. Ou encore il a voulu signifier le dernier chapitre du Deutéronome relatif à la mort de Moïse, lequel se compose de douze mots. Il est inutile d’examiner ici avec plus de soin ces conjectures et celles que d’autres ont pu faire ;

3° il note encore que dans le Deutéronome (chap. XXXI, v. 9) il est dit : et Moïse écrivit la loi, mots qui ne peuvent être de Moïse, mais d’un autre écrivain racontant les actes et les paroles de Moïse ;

4° il note ce passage de la Genèse (chap. XII, v. 6), où le narrateur racontant qu’Abraham parcourait la terre des Chananéens, ajoute : le Chananéen alors était dans cette terre, par où il marque clairement qu’il n’en est plus ainsi au temps où il écrit. Ces mots donc ont dû être écrits après la mort de Moïse et alors que les Chananéens avaient été chassés et n’occupaient plus ces régions. Aben Ezra le donne encore clairement à entendre quand il commente ainsi ce même passage : et le Chananéen était alors dans cette terre ; cela peut signifier que Chanaan, petit-fils de Noé, a pris cette terre d’abord occupée par un autre ; si cela n’est pas, il y a là un mystère et qui le connaît, le taise, c’est-à-dire si Chanaan a conquis ce territoire le sens sera  : le Chananéen était alors déjà dans cette terre, le narrateur, a voulu marquer qu’il n’en avait pas été ainsi antérieurement alors qu’une autre nation l’habitait. Si au contraire Chanaan a le premier cultivé ces régions (comme il suit du chapitre X de la Genèse), l’auteur a voulu marquer qu’il n’en était plus ainsi au temps où il écrivait ; le narrateur n’est donc pas Moïse, puisque, au temps de Moïse les Chananéens possédaient encore ce territoire ; et c’est là le mystère qu’Aben Ezra recommande de taire ;

5° il note que dans la Genèse (chap. XXII, v.14) le mont Morya [1] est appelé montagne de Dieu, nom qu’il n’a porté qu’après qu’il eut été affecté à l’édification du temple, et cette élection est postérieure au temps de Moïse. Moïse en effet n’indique aucun lieu élu par Dieu ; par contre il prédit que Dieu en élira un plus tard auquel le nom de Dieu sera donné ;

6° enfin il note que le Deutéronome (chap. III) interpole certains mots dans le récit relatif à Og, roi de Basan : seul des autres [2] géants, Og, roi de Basan, subsista et voilà, son lit était un lit de fer, certainement ce lit de neuf coudées de long qui est à Rabat chez les enfants d’Ammon, etc. Cette parenthèse indique très clairement que celui qui a écrit ces livres, a vécu longtemps après Moïse. Sa façon de parler des choses est celle d’un auteur qui raconte de très vieilles histoires et qui, pour donner confiance, fait mention des reliques encore subsistantes de ce lointain passé ; il n’est pas douteux d’ailleurs que ce lit de fer n’ait été trouvé qu’au temps de David qui soumit Rabat comme le raconte Samuel (liv. II, chap. XII, v. 30). Cette interpolation n’est pas la seule ; un peu plus bas l’Historien ajoute aux paroles de Moïse cette explication : Jaïr, fils de Manassé, prit toute la juridiction sur Argob jusqu’aux limites des Gessurites et des Mahatites et il appela ces lieux de son nom en même temps que Basan, et jusqu’à ce temps ils sont les bourgs de Jaïr. Ces mots, dis-je, sont ajoutés par l’historien pour expliquer ceux de Moïse qu’il venait de rapporter, savoir : et le reste de Galaad et tout le royaume de Basan qui était à Og, je l’ai donné à la demi-tribu de Manassé, toute la juridiction d’Argob s’étendra sur tout Basan qui est appelé terre des Géants. Les Hébreux contemporains de cet écrivain savaient, cela n’est pas douteux, ce qu’était le pays de Jaïr qui appartenait à la tribu de Juda, mais ne le connaissaient pas sous le nom de juridiction d’Argob et de terre des Géants ; il a donc été obligé d’expliquer quels étaient ces pays qui, anciennement, étaient appelés ainsi, et de dire en même temps pourquoi leurs habitants portaient en son temps le nom de Jaïr, bien qu’étant de la tribu de Juda et non de Manassé (voir Paralip. I, chap. II, v. 21 et 22).

[4] Nous avons ainsi expliqué la pensée d’Aben Ezra de même que les passages du Pentateuque cités par lui pour l’établir. Il s’en faut de beaucoup toutefois qu’il ait noté le plus important ; il y a beaucoup d’autres observations et de plus graves à faire sur ces livres. Ainsi :

1° celui qui écrit ne parle pas seulement de Moïse à la troisième personne, il donne à son sujet de nombreuses attestations telles que : Dieu parla avec Moïse ; Dieu parlait avec Moïse face à face ; Moïse était le plus humble de tous les hommes (Nombres, chap. XII, v. 3) ; Moïse fut pris de colère contre les chefs de l’armée (Nombres, chap. XXXI, v. 14) ; Moïse homme divin (Deutér., chap. XXXIII, v.1) ; Moïse serviteur de Dieu est mort ; Jamais un Prophète tel que Moïse ne s’éleva dans Israël.

Au contraire, dans le Deutéronome où est transcrite la loi que Moïse avait expliquée au peuple et qu’il avait écrite, Moïse parle et raconte ses actions à la première personne ; il dit : Dieu m’a parlé (Deutér., chap. II, vs. 1, 17, etc.) ; j’ai prié Dieu, etc. sauf à la fin du livre où l’historien, après avoir rapporté les paroles de Moïse, continue son récit et dit comment Moïse donna au peuple par écrit cette loi (qu’il avait expliquée), puis un suprême avertissement et enfin termina sa vie.

Tout cela, la façon de parler, les attestations et l’ensemble même du texte de toute l’histoire, invite à croire que ces livres n’ont pas été écrits par Moïse, mais par un autre.

2° Il faut noter aussi que, dans cette histoire, on ne raconte pas seulement la mort et l’ensevelissement de Moïse et le deuil de trente jours des Hébreux, mais qu’en outre on nous dit, comparaison faite avec tous les Prophètes qui vécurent après lui, qu’il l’emporta sur tous. Nul Prophète ne s’éleva jamais dans Israël comme Moïse que Dieu connut face à face. Ce témoignage, ce n’est pas Moïse lui-même qui a pu se le rendre, ni un autre venu immédiatement après lui, mais quelqu’un qui a vécu bien des siècles après, d’autant que l’historien parle au temps passé : Nul Prophète ne s’éleva jamais dans Israël. Et au sujet de la sépulture, il dit que personne ne l’a connue jusqu’à ce jour.

3° Il faut noter que certains lieux ne sont pas désignés par les noms qu’ils portaient du vivant de Moïse, mais par d’autres qui leur furent donnés plus tard. Ainsi l’on nous dit qu’Abraham poursuivit les ennemis jusqu’à Dan (voir Gen., XIV, v. 14) ; ce nom, la ville qui le porte ne l’a reçu que longtemps après la mort de Josué (voir Juges, chap. XVIII, v. 29).

4° Les récits parfois se prolongent au delà du temps où a vécu Moïse. Dans l’Exode (chap. XVI, v. 34), on raconte que les fils d’Israël mangèrent la manne quarante ans, jusqu’à ce qu’ils fussent parvenus dans une terre habitée à la frontière de la terre de Chanaan ; c’est-à-dire jusqu’au moment dont parle le livre de Josué (chap. V, v. 10). De même dans la Genèse (chap. XXXVI, v. 31), on nous dit : Tels sont les rois qui régnèrent sur Edom avant qu’un roi régnât sur les fils d’Israël. L’historien parle sans doute des rois qu’eurent les Iduméens avant que David les soumît [3] et établit des garnisons dans l’Idumée (voir Samuel, II, chap. VIII, v. 14).

[5] Par toutes ces observations il apparaît plus clair que la lumière du jour que le Pentateuque n’a pas été écrit par Moïse, mais par un autre qui a vécu beaucoup de siècles après Moïse.

Mais, si vous le voulez bien, considérons de plus attentivement les livres que Moïse a écrits lui-même et qui sont cités dans le Pentateuque.

Il est premièrement établi par l’Exode (chap. XVII, v. 14) que Moïse écrivit par l’ordre de Dieu la guerre contre Amalec ; ce même chapitre ne nous dit pas quel livre, mais dans les Nombres (chap. XXI, v. 12) se trouve cité un livre dit des guerres de Dieu qui contenait sans doute le récit de la guerre contre Amalec et, en outre, tous les travaux de castramétation (que l’auteur du Pentateuque atteste dans les Nombres (chap. XXXIII, v. 2) que Moïse a exposés par écrit).

Un autre livre, d’après l’Exode (chap. XXIV, vs. 4, 7) s’appelait le livre [4] du pacte, et il le lut en présence des Israélites quand ils eurent conclu un pacte avec Dieu. Ce livre, ou cette épître, contenait d’ailleurs peu de chose, seulement les lois ou commandements de Dieu qui sont énoncés dans l’Exode du chapitre XX, verset 22, au chapitre XXIV ; personne ne le niera qui aura lu le chapitre ci-dessus cité avec un peu de bon jugement et sans partialité. On nous y raconte, en effet, qu’aussitôt que Moïse eut connu l’avis du peuple au sujet du pacte à conclure avec Dieu, il écrivit incontinent les paroles et les commandements de Dieu et, à la lumière du matin, après l’achèvement de certaines cérémonies, lut devant l’assemblée générale du peuple les conditions du pacte ; après cette lecture et sans doute après que toute la foule eut perçu ces conditions, le peuple s’engagea de son plein consentement. Eu égard à la brièveté du temps employé à l’écrire et au pacte à conclure, il faut donc que ce livre n’ait contenu rien d’autre que ce que j’ai dit tout à l’heure.

Il est établi enfin que, dans la quarantième année après la sortie d’Égypte, Moïse expliqua toutes les lois qu’il avait faites (voir Deutéronome, chap. I, v. 5), fit prendre de nouveau au peuple l’engagement de leur rester soumis (voir Deutér., chap. XXIX, v. 14) et enfin écrivit un livre qui contenait ces lois expliquant ce nouveau pacte (voir Deutér., chap. XXXI, v. 9). Ce livre fut appelé livre de la loi de Dieu, et plus tard Josué l’augmenta du récit du pacte par lequel en son temps le peuple s’engagea de nouveau, et qui fut le troisième conclu avec Dieu (voir Josué, chap. XXIV, vs. 25, 26). Ne possédant aucun livre qui contienne à la fois le pacte de Moïse et celui de Josué, il faut nécessairement accorder que ce livre a péri, ou bien il faudrait déraisonner avec le Paraphraste Chaldéen Jonathan et torturer, à son gré, les paroles de l’Écriture. Ce traducteur, en effet, inquiet de cette difficulté, a mieux aimé corrompre l’Écriture qu’avouer son ignorance : ces paroles du livre de Josué (voir chap. XXIV, v. 26) et Josué a écrit ces mots dans le livre de la Loi de Dieu, il les traduit ainsi en chaldéen : et Josué a écrit ces mots et les a conservés avec le livre de la Loi de Dieu. Que faire avec ceux qui ne voient rien que ce qui leur plait ? Qu’est-ce autre chose, demandé-je, que nier l’Écriture même et en forger une de son invention ? Nous concluons donc que ce livre de la loi de Dieu que Moïse a écrit, n’était pas le Pentateuque, mais un livre entièrement différent, que l’auteur du Pentateuque a inséré dans son ouvrage à l’endroit voulu ; et cela ressort avec évidence tant de ce qui précède que de ce qui va suivre.

Quand, veux-je dire, on nous raconte. dans le passage déjà cité du Deutéronome, que Moïse a écrit le livre de la loi, l’historien ajoute que Moïse l’a remis aux prêtres et qu’ensuite il leur ordonna de le lire devant le peuple à certains moments fixés ; cela montre que ce livre était beaucoup moins étendu que le Pentateuque, puisqu’il pouvait être lu en entier dans une assemblée, et de telle sorte que tous le comprissent.

Et il ne faut pas omettre que, de tous les livres écrits par Moïse, il n’ordonna de conserver religieusement et de garder avec soin que le seul livre du second pacte et le Cantique (qu’il écrivit plus tard pour l’apprendre à tout le peuple). Par le premier pacte, en effet, les présents seuls s’étaient engagés, le second engageait aussi la postérité (voir Deutér., chap. XXIX), c’est pourquoi il ordonna que le livre de ce second pacte fût religieusement conservé pour les siècles futurs et, en outre, comme nous l’avons dit, le Cantique, lequel concerne essentiellement les siècles futurs.

Puis donc qu’il n’est pas établi que Moïse ait écrit d’autres livres que ceux-là, que lui-même n’a commandé de conserver religieusement pour la postérité que le petit livre de la loi et le Cantique, et qu’enfin plusieurs passages se rencontrent dans le Pentateuque, qui n’ont pu être écrits par Moïse, nul n’est fondé à affirmer que Moïse est l’auteur du Pentateuque, mais, au contraire, cette attribution est démentie par la Raison.

[6] Petit-être me demandera-t-on si Moïse n’a pas, outre ces deux morceaux, écrit aussi les lois lors de la première révélation qui lui en fut faite ? C’est-à-dire si, dans l’espace de quarante années, il n’a mis par écrit aucunes lois sauf le petit nombre que j’ai dit qui était contenu dans le livre du premier pacte ? Je réponds : quand bien même j’accorderais qu’il paraît conforme à la Raison que Moïse ait mis les lois par écrit dans le temps même et à l’endroit où la communication lui en avait été faite, je nie cependant qu’il nous soit, pour cette cause, loisible de l’affirmer. Nous avons montré plus haut, en effet, qu’il ne nous fallait rien admettre en des cas semblables, que ce qui est établi par l’Écriture même ou ce qui se tire par légitime conséquence de ses fondements, la conformité apparente à la Raison n’étant en rien une preuve. J’ajoute que la Raison ne nous oblige pas à cette concession. Peut-être, en effet, le Sénat de Moïse communiquait-il par écrit au peuple les lois qu’il édictait, que, plus tard, l’historien a recueillies et qu’il a insérées à leur place dans l’histoire de la vie de Moïse.

Voilà pour ce qui concerne les cinq livres de Moïse ; il nous faut maintenant, examiner les autres.

B. §7 : Josué.

[7] On prouvera par des raisons semblables que le livre de Josué n’est pas de Josué lui-même ; c’est un autre qui rend sur Josué ce témoignage que sa renommée s’est étendue par toute la terre (voir chap. VI, v. 27), qu’il n’a rien omis de ce que Moïse avait prescrit (voir verset dernier du chapitre VIII et chap. IX, v. 15) ; que devenu vieux il appela tout le monde à l’assemblée et enfin termina sa vie. En outre le récit s’étend à certains faits arrivés après sa mort : il dit en particulier qu’après sa mort les Israélites honorèrent Dieu tant que vécurent les vieillards qui l’avaient connu. Et au chapitre XVI, verset 10, qu’ils (Ephraïm et Manassé) ne chassèrent pas le Chananéen habitant à Gazer, mais (ajoute-t-il) le Chananéen vécut parmi Ephraïm jusqu’à ce jour et fut tributaire. Ce récit est le même qui se trouve au livre des Juges (chap. I) et cette façon de parler jusqu’à ce jour montre bien que celui qui écrit parle d’une chose très ancienne. Très semblable à ce texte est celui du chapitre XV, dernier verset, relatif au fils de Juda et l’histoire de Caleb aux versets 14 et suivants du même chapitre. Et aussi ce cas qui est rapporté au chapitre XXII, versets 10 et 19, des deux tribus et demie qui élevèrent un autel au delà du Jourdain, semble s’être produit après la mort de Josué, attendu que dans toute l’histoire il n’est pas fait mention de Josué : le peuple seul délibère au sujet de la guerre, envoie des députés, attend leur réponse et donne enfin son approbation. Enfin du chapitre X, verset 14, il suit évidemment que ce livre a été écrit bien des siècles après Josué ; il contient ce témoignage : aucun autre jour ne fut jamais, tel que celui-là ni avant ni après, où Dieu obéit (de la sorte) à qui que ce fût. Si donc Josué a jamais écrit un livre, ce fut assurément celui qui est cité dans cette histoire même au chapitre X, verset 13.

C. §8 : Juges.

[8] Quant au livre des Juges, je ne pense pas qu’aucune personne d’esprit sain puisse se persuader qu’il a été écrit par les Juges eux-mêmes ; car l’épilogue de toute l’histoire qui est au chapitre II, montre clairement qu’il a été écrit tout entier par un seul historien. D’autre part son auteur répétant souvent qu’aux temps dont il parle, il n’y avait pas de roi en Israël, il n’est pas douteux qu’il n’ait écrit après que les rois eurent occupé le pouvoir.

D. §9 : Samuel.

[9] A l’égard des livres de Samuel, il n’y a pas de raison de s’y attarder, puisque l’histoire se prolonge bien après sa vie. Je veux cependant faire observer que ce livre a dû être écrit bien des siècles après Samuel. L’Historien en effet, au livre I, chapitre IX, verset 9, donne par parenthèse cet avertissement : autrefois on disait quand on allait consulter Dieu : Allons au voyant ; car on appelait autrefois voyant celui qu’aujourd’hui on nomme prophète.

E. §10 : Rois.

[10] Enfin les livres des Rois, comme il est établi par eux-mêmes, sont tirés des livres du gouvernement de Salomon (Voir Rois, I, chap. XI, v. 41), des chroniques des rois de Juda (Voir chap XIV, vs. 19, 24) et des chroniques des rois d’Israël.


[1Voir note IX .

[2Le mot hébreu rephaïm signifie condamnés et semble aussi être un nom propre d’après les Paralipomènes (I, chap. XX) ; je pense qu’il désigne une famille. (Note de l’auteur.)

[3Voir note X .

[4Le mot sepher en hébreu désigne plus souvent une épître ou un papier. (Note de l’auteur.)