Traité politique, VIII, §47
Tels sont les principes de l’État aristocratique, auxquels j’ajouterai un petit nombre de dispositions moins fondamentales, mais importantes : il faut que les patriciens se distinguent par le port d’un vêtement particulier, qu’on leur donne en leur adressant la parole un titre appartenant à eux seuls, que tout plébéien se range devant eux, et, si quelque patricien a perdu son bien à la suite d’un malheur qu’il n’a pu éviter, et qu’il puisse le prouver clairement, sa situation sera rétablie intégralement aux frais de l’État. Si au contraire il est établi que son bien a été dissipé en prodigalités, en dépenses de faste, au jeu, ou avec des femmes de mauvaise vie, etc., ou encore qu’il est endetté au-delà de ce qu’il peut payer, sa dignité lui sera enlevée et il sera réputé indigne de tout honneur et de tout office. Qui en effet ne sait gouverner ses propres affaires, est encore bien plus incapable de gérer celles de l’État.
Traduction Saisset :
Telles sont les conditions fondamentales du gouvernement aristocratique. J’en ajouterai quelques autres en petit nombre qui, sans avoir une aussi grande importance, méritent pourtant sérieuse considération. Ainsi, les patriciens porteront un costume particulier qui les distingue ; on devra les saluer d’un titre particulier, et tout homme du peuple leur cédera le pas. Si un patricien vient à perdre ses biens, on les lui rendra sur les deniers du trésor public, pourvu qu’il fournisse la preuve que sa ruine est l’effet d’un accident qu’il n’a pu éviter. Si, au contraire, il est constant qu’il a vécu dans les prodigalités, dans le faste, le jeu et les courtisanes, et que ses dettes dépassent ses ressources, il sera dégradé de sa dignité et déclaré indigne de tout honneur et de tout emploi. Car celui qui ne peut se gouverner lui-même et conduire ses affaires privées est incapable, à plus forte raison, de diriger les affaires publiques.
Atque haec illa sunt, quae huius imperii fundamenta spectant, quibus pauca alia minus quidem principalia, sed magni tamen momenti addam ; nempe ut patricii veste quadam seu habitu singulari, quo dignoscantur, incedant, et ut singulari quodam titulo salutentur, et unusquisque ex plebe iis loco cedat, et si aliquis patricius bona sua aliquo infortunio, quod vitari nequit, amiserit, idque liquido docere poterit, ut in integrum ex publicis bonis restituatur ; sed si contra constet, eundem largitate, fastu, ludo, scortis etc. eadem consumpsisse, vel quod absolute plus debet, quam est solvendo, ut dignitate cedat, et omni honore officioque indignus habeatur. Qui enim seipsum resque suas privatas regere nequit, multo minus publicis consulere poterit.