L’admiration est cette façon d’imaginer un objet qui attache l’âme exclusivement par le caractère singulier de cette représentation qui ne ressemble à aucune autre (voy. Propos. 52 et son Scol.).

Explication

Nous avons montré, dans le Scol. de la Propos. 18, partie 2, par quelle cause l’âme va de la contemplation d’un certain objet à la pensée d’un autre objet, savoir, parce que les images de ces objets sont ainsi enchaînés l’une à l’autre et dans un tel ordre que celle-ci suit celle-là. Or cela ne peut arriver quand l’âme considère une image qui lui est nouvelle. Elle doit donc y rester attachée jusqu’à ce que d’autres causes la déterminent à de nouvelles pensées. On voit par là que la représentation d’une chose qui nous est nouvelle est de la même nature, quand on la considère en elle-même, que toutes les autres représentations ; et c’est pourquoi je ne compte pas l’admiration au nombre des passions, ne voyant aucune raison de l’y comprendre, puisque cette concentration de l’âme ne vient d’aucune cause positive, mais seulement de l’absence d’une cause qui détermine l’imagination à passer d’un objet à un autre. Je ne reconnais donc (comme j’en ai déjà averti au Scol. de la Propos. 11) que trois affections primitives ou principales, qui sont la joie, la tristesse et le désir ; et si j’ai parlé de l’admiration, c’est que l’usage a donné à certaines passions qui dérivent des trois passions primitives des noms particuliers quand elles ont rapport aux objets que nous admirons. C’est aussi cette raison qui m’engage à joindre ici la définition du mépris.