EV - Proposition 6


Dans la mesure où l’Âme connaît toutes choses comme nécessaires, elle a sur les affections une puissance plus grande, c’est-à-dire qu’elle en pâtit moins.

DÉMONSTRATION

L’Âme connaît que toutes choses sont nécessaires (Prop. 29, p. I) et sont déterminées à exister et à produire quelque effet par une liaison infinie de causes [1] (Prop. 28, p. I) ; cela fait (Prop. préc.) qu’à proportion de la connaissance qu’elle a des choses, elle pâtit moins des affections en provenant et (Prop. 48, p. III) est moins affectée à l’égard des choses elles-mêmes. C.Q.F.D. [*]


Quatenus mens res omnes ut necessarias intelligit eatenus majorem in affectus potentiam habet seu minus ab iisdem patitur.

DEMONSTRATIO :

Mens res omnes necessarias esse intelligit (per propositionem 29 partis I) et infinito causarum nexu determinari ad existendum et operandum (per propositionem 28 partis I) adeoque (per propositionem præcedentem) eatenus efficit ut ab affectibus qui ex iis oriuntur, minus patiatur et (per propositionem 48 partis III) minus erga ipsas afficiatur. Q.E.D.

[1Le nœud infini des causes, infinito causarum nexu. Cf. EIV52sc.

[*(Saisset :)En tant que l’âme conçoit toutes choses comme nécessaires, elle a sur ses passions une plus grande puissance : en d’autres termes, elle est moins sujette a pâtir. Démonstration L’âme comprend que toutes choses sont nécessaires (par la Propos. 29, part. l), et qu’elles sont déterminées à l’existence et à l’action par l’enchaînement infini des causes (par la Propos. 28, part. 1) ; et en conséquence (par la Propos. précéd.) les passions que les objets lui font éprouver sont moins fortes, et (par la Propos. 48, part. 3) elle en est moins affectée. C. Q. F. D.