Traité politique, VII, §18
J’ai dit que les citoyens devaient être divisés en clans [1] et que chacun d’eux devait nommer le même nombre de conseillers afin que les villes plus importantes aient plus de représentants [2], le nombre des citoyens étant plus grand, et puissent, comme il est juste, disposer de plus en plus de voix. Car la puissance de commandement et conséquemment le droit doit se mesurer au nombre. Je ne crois pas que l’on puisse trouver un moyen meilleur de conserver l’égalité entre les citoyens ; tous en effet sont disposés à se joindre à ceux de leur race et à se distinguer des autres par leur origine.
Traduction Saisset :
J’ai dit que les citoyens doivent être distingués entre eux par familles et qu’il faut élire dans chacune un nombre égal de conseillers, de sorte que les plus grandes villes aient plus de conseillers, à proportion de la quantité de leurs habitants, et qu’elles puissent, comme il est juste, apporter plus de suffrages. En effet, la puissance de l’État et par conséquent son droit se mesurent sur le nombre des citoyens. Et je ne vois pas de moyen plus convenable de conserver l’égalité ; car tous les hommes sont ainsi faits que chacun aime à être rattaché à sa famille et distingué des autres par sa race.
Cives inter se familiis distinguendos esse dixi, et ex unaquaque aequalem consiliariorum numerum eligendum, ut maiores urbes plures haberent pro numero civium consiliarios, et plura, ut aequum est, adferre possent suffragia. Nam imperii potentia et consequenter ius ex civium numero aestimanda est ; nec credo, quod ad hanc inter cives aequalitatem servandam aliud medium aptius excogitari potest, qui omnes natura ita comparati sunt, ut unusquisque generi suo adscribi velit, et stirpe a reliquis internosci.
[1] Voyez Traité politique, VI, 11.
[2] Voyez Traité politique, VI, 15 et suiv.