Personne ne conçoit d’envie pour la vertu, si ce n’est dans son égal.

Démonstration

L’envie, c’est la haine elle-même (voyez le Scol. de la Propos. 24), c’est-à-dire (par le Scol. de la Propos. 13) une tristesse ou une affection par laquelle (voyez le Scol. de la Propos. 11) la puissance d’agir de l’homme se trouve empêchée. Or, l’homme ne s’efforce et ne désire d’accomplir d’autres actions que celles qui peuvent résulter de sa nature déterminée (par le Scol. de la Propos. 9). En conséquence, personne ne désirera jamais affirmer de soi-même aucune puissance ou (ce qui est la même chose) aucune vertu qui soit étrangère à sa nature et propre à une nature différente ; et ainsi notre désir ne se trouvera point empêché, en d’autres termes (par le Scol. de la Propos. 11) nous ne serons point attristés quand nous apercevrons quelque vertu en une personne qui ne nous ressemble pas, et nous n’éprouverons pour elle aucune envie. Il en arrivera tout autrement s’il s’agit d’un de nos égaux, puisque, par hypothèse, il y a dès lors entre lui et nous ressemblance de nature. C. Q. F. D.