« Ce qui définit une situation, c’est une certaine distribution des possibles, le découpage spatio-temporel de l’existence. Il ne s’agit pas tant de rituel que de la forme même, dichotomique, de la possibilité : ou bien-ou bien, disjonctions exclusives de tous ordres (masculin-féminin, adulte-enfant, humain-animal, intellectuel-manuel, travail-loisir, blanc-noir, hétérosexuel-homosexuel, etc.) qui strient d’avance la perception, l’affectivité, la pensée, enfermant l’expérience dans des formes toutes faites, y compris de refus et de lutte.
Il y a de l’oppression en vertu de ce striage, comme on le voit à ces couples d’opposés qui tous enveloppent une hiérarchie : chaque disjonction est au fond celle d’un majeur et d’un mineur. » (François Zourabichvili, Le vocabulaire de Deleuze, Ed. Ellipses, 2003, pp. 40-41.)

  • « Pour Deleuze et Guattari, l’issue est donc moins dans un changement de situation ou dans l’abolition de toute situation que dans le vacillement, l’affolement, la désorganisation d’une situation quelconque. Ce qui ne signifie pas que toutes les situations se vaillent ; mais leur valeur respective tient au degré de désorganisation qu’elles supportent sans éclater, non à la qualité intrinsèque de l’ordre dont elles témoignent. (…) Ces vecteurs de désorganisation ou de « déterritorialisation » sont précisément nommés lignes de fuite. » (François Zourabichvili, Le vocabulaire de Deleuze, Ed. Ellipses, 2003, pp. 41-42.)