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« Unifie ta demeure et prends appui sur la nécessité. Qui agit selon la norme de l’Homme tombe facilement dans l’artifice, mais non celui qui se conforme à l’action du Ciel » (Chapitre 4).

Articles

  • Le meurtre de Chaos - Septembre 2017

    « L’empereur de la mer du Sud était Illico, l’empereur de la mer du Nord était Presto, l’empereur du milieu était Chaos. Comme chaque fois qu’ils s’étaient retrouvés chez Chaos celui-ci les avait reçus avec la plus grande aménité, Illico et Presto se concertèrent sur la meilleure façon de le remercier de ses bontés : »Les hommes, déclarèrent-ils, ont sept ouvertures pour voir, entendre, manger, respirer. Lui seul n’en a aucune. Et si on les lui perçait ? » Chaque jour ils lui ouvrirent un orifice. Au septième (...)

  • La jetée de la Hao - Septembre 2017

    Lors d’une excursion, Houei Cheu et son ami Tchouang Tcheou s’étaient retrouvés sur la jetée qui surplombait la rivère Hao. Tchouang s’était exclamé :
    - Les poissons ! Vois comme ils s’ébattent librement, comme ils doivent être heureux !
    - Comment sais-tu qu’ils sont heureux ? Tu n’es pas un poisson ! avait ergoté le rhéteur.
    - Tu n’es pas moi, comment sais-tu que je ne puis savoir si les poissons sont heureux ?
    Houei avait cru avoir le dessus par cette réponse :
    - Si n’étant pas toi, je ne puis (...)

  • Po-lo prend soin des chevaux - Décembre 2016

    Les chevaux ont des sabots pour fouler le givre et la neige. Ils ont une robe qui les protège de la bise et de la froidure. Ils broutent l’herbe, boivent l’eau, lèvent les pattes et galopent. Telle est la véritable nature des chevaux. Ils n’ont que faire des manèges et des écuries. Un jour Po-lo survint. Il déclara : « Je vais m’occuper des chevaux. » Il les brûla, les tailla, les perça, les brida ; il les lia avec des longes et des entraves ; il les parqua dans des boxes et des stalles. Il en mourut (...)

  • L’arbre de la montagne - Décembre 2016

    Au cours d’une randonnée en montagne, Tchouang-Tseu aperçut un arbre magnifique à la frondaison exubérante, dédaigné par les bûcherons car impropre, selon eux, à toute utilisation. Il s’extasia sur l’utilité de l’inutilité qui lui permettrait d’atteindre au terme naturel de son existence. Puis, redescendu dans la plaine, il s’arrêta chez un vieil ami, qui voulut tuer l’oie en son honneur. Le valet demanda au maître de céans :
    - Je tords le cou de laquelle ? Celle qui sait cacarder ou l’autre ? - L’autre, (...)

  • La nature et la règle - Décembre 2016

    À vouloir allonger les pattes des canards et raccourcir celles des grues, même si les premières sont exagérément courtes et les secondes démesurément longues, on n’apportera que souffrance et désolation. Lorsqu’on s’abstient de raccourcir ce que la nature a fait long et d’allonger ce qu’elle a fait court, il devient inutile de soulager les peines. Si l’on m’objecte que la bonté et la justice sont des sentiments humains, alors pourquoi les hommes miséricordieux vivent-ils toujours dans le malheur ? (...)

  • le charron Pien - Décembre 2016

    Le duc Houan lisait dans la salle, le charron Pien taillait une roue au bas des marches. Le charron posa son ciseau et son maillet, monta les marches et demanda au duc : Puis-je vous demander ce que vous lisez ? - Les paroles des grands hommes, répondit le duc. - Sont-ils encore en vie ? - Non, ils sont morts. - Alors ce que vous lisez là, ce sont les déjections des Anciens ! - Comment un charron ose-t-il discuter ce que je lis ! répliqua le duc ; si tu as une explication, je te ferai grâce ; (...)

  • Le boucher Ting - Décembre 2016

    Le cuisinier Ting dépeçait un bœuf pour le prince Wen-houei. On entendait des houa quand il empoignait de la main l’animal, qu’il retenait sa masse de l’épaule et que, la jambe arqueboutée, du genou l’immobilisait un instant. On entendait des houo quand son couteau frappait en cadence, comme s’il eût exécuté l’antique danse du Bosquet ou le vieux rythme de la Tête de lynx.
    - C’est admirable ! s’exclama le prince, je n’aurais jamais imaginé pareille technique !
    Le cuisinier posa son couteau et répondit : (...)

  • Confucius et le nageur de Lü-Leang - Décembre 2016

    Confucius admirait les chutes de Lü-leang. L’eau tombait d’une hauteur de trois cents pieds et dévalait ensuite en écumant sur quarante lieues. Ni tortues ni crocodiles ne pouvaient se maintenir à cet endroit, mais Confucius aperçut un homme qui nageait là. Il crut que c’était un malheureux qui cherchait la mort et dit à ses disciples de longer la rive pour se porter à son secours.
    Mais quelques centaines de pas plus loin, l’homme sortit de l’eau et, les cheveux épars, se mit à se promener sur la berge (...)